La députée péquiste Louise Harel, élue sans interruption depuis 1981 dans Hochelaga-Maisonneuve, a annoncé hier qu'elle ne solliciterait pas d'autre mandat.

Elle affirme vouloir un train de vie «moins trépidant». «j'ai follement aimé ce métier de député», dit-elle. Mais il exige une disponibilité constante. «On ne peut pas le faire à moitié.»

 

La Presse a appris que la chef du parti québécois, Pauline Marois, a demandé à l'ex-députée péquiste de Laurier-Dorion, Elsie Lefebvre, de lui succéder. Par ailleurs, des sources fiables indiquent que Carole Poirier, adjointe de Mme Harel dans Hochelaga pendant 15 ans, envisage aussi de se porter candidate, avec la bénédiction de la députée sortante.

Mme Harel, 62 ans, dit avoir pris une décision difficile, «même quand on pense que c'est une sage décision et qu'on est convaincu que c'est la bonne». Elle a fait l'annonce en présence de son conjoint, de sa fille et de ses deux petits-enfants, devant ses partisans réunis dans un centre communautaire de Maisonneuve.

Elle assure partir de son plein gré, à un moment où, à son avis, «ça va bien» pour le parti québécois. «Si je choisis de quitter à ce moment-ci, c'est que je suis convaincue que le Parti Québécois est entre bonnes mains avec Pauline Marois», a-t-elle affirmé.

À quelques jours du déclenchement probable d'élections provinciales, Mme Marois aura un château fort à offrir à un candidat vedette. Les électeurs d'Hochelaga-Maisonneuve ont élu un député péquiste dans 10 élections générales successives depuis 1970.

Robert Burns a été député du parti québécois de 1970 à 1979. Le libéral Georges Lalande l'a emporté dans une partielle en 1979, mais il a été battu par Mme Harel le 13 avril 1981. Par la suite, Mme Harel a prévalu six autres fois. Aux dernières élections, en mars 2007, elle l'avait emporté par plus de 9000 voix de majorité.

Mme Harel dit ne pas vouloir se prononcer sur sa succession. «Edmond (Omran, son conjoint) me dit: te mêle pas de ça!» a-t-elle répondu. «Il y aura une convention, a-t-elle ajouté. Dans notre parti, on ne se fait pas imposer de candidat.»

Le départ de Mme Harel a suscité de nombreux commentaires et éloges.

«Mon amie Louise Harel a décidé de ne pas se représenter, a déclaré Pauline Marois, chef du parti québécois. Je dis ça avec un pincement au coeur. J'aurais aimé ça qu'elle continue à militer à mes côtés.»

Mme Marois connaissait la décision de Mme Harel «depuis un bon moment» et elle n'exclut pas d'autres départs à l'approche des élections. «Ne précipitons pas les choses, a-t-elle cependant dit au sujet de la succession. Laissons voir quels seront les choix des militantes et des militants.»

«C'est un grand personnage de la politique québécoise qui quitte l'avant-scène, dit l'ex-premier ministre Bernard Landry. Elle est une sorte de phare pour l'indépendance, pour la cause des femmes et pour les causes sociales qu'elle a défendues. À l'âge qu'elle a, j'espère qu'elle va trouver un terrain d'atterrissage pour continuer de mettre ses talents à profit.»

M. Landry a par ailleurs trouvé «extraordinaire» l'idée de voir mme lefebvre succéder à Mme Harel. «j'ai beaucoup d'admiration pour Elsie Lefebvre», a-t-il dit.

La chef de Québec Solidaire et ex-présidente de la fédération des femmes du Québec, Françoise David, a souligné le rôle «extrêmement important pour faire reconnaître la valeur du travail des femmes» qu'a joué Mme Harel.

André Lavallée, maire de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, côtoie Mme Harel depuis les années 1970 et a été son directeur de cabinet adjoint. «C'est une femme qui a eu partout une détermination à changer les choses, dit-il. Partout, dans son comté, au parti québécois et comme ministre. Et elle a parfois joué du coude.»

Mme Harel a assuré qu'elle continuerait de militer au parti québécois. «Tant que la souveraineté ne sera pas faite, elle sera à faire, a-t-elle dit. Cela fait partie intimement de notre identité.»