Les péquistes sont tiraillés quant à l'opportunité de déclencher des élections dans les prochaines semaines. Alors que la chef du Parti québécois, Pauline Marois, estime qu'il faut convaincre le gouvernement de mettre fin à son inaction en matière économique plutôt que le renverser, certains pensent qu'un scrutin permettrait de chasser Jean Charest du pouvoir.

«On n'a pas confiance en Jean Charest. On regarde ses résultats depuis cinq ans, ils ne sont pas bons. Alors ce serait très tentant d'aller en élections, a souligné le porte-parole du PQ en matière de finances, François Legault. Moi, personnellement, j'ai envie d'aller en élections maintenant, sur le bilan économique de Jean Charest.»«Par contre, il faut être responsable, a-t-il toutefois ajouté. Dans les prochains jours, pas les prochains mois, il faut absolument mettre en place un plan d'urgence pour éviter que la confiance continue de se dégrader chez les consommateurs et qu'on ait une vraie récession au Québec. Ce n'est pas dans 35 jours qu'il va falloir prendre des mesures pour aider la classe moyenne.»

Comme sa chef la veille, M. Legault estime qu'un gouvernement du Parti québécois serait bien mieux outillé pour faire face à la crise économique qui guette le Québec.

Au deuxième jour de la conférence nationale des présidents du Parti québécois, Mme Marois a continué de marteler que, comme la population, elle ne souhaite pas que Jean Charest déclenche des élections générales mais que son parti sera prêt à faire campagne le cas échéant.

À quelques jours de la mise à jour économique que doit présenter la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, la chef péquiste a même exclu de renverser le gouvernement sur cet enjeu.

«Si le gouvernement ne propose pas de plan et qu'il veut aller en élections, nous serons prêts à le battre, a dit Mme Marois. Mais on ne poussera pas le gouvernement à aller en élections. Ce que nous dit la population, c'est qu'elle attend de son gouvernement une direction ferme quant à la façon d'aborder cette crise-là.»

Mais le député péquiste de Richelieu, Sylvain Simard, a quant à lui émis une mise en garde, devant les quelques centaines de délégués et militants réunis à Québec.

«M. Charest, préoccupez-vous de la population du Québec et de l'économie du Québec, et nous serons derrière vous. Mais si vous continuez de ne pas agir comme vous le faites, nous allons vous défaire», a lancé M. Simard, soulevant des salves d'applaudissements.

«S'il continue à être immobile et qu'il va en élections là-dessus, il ne gagnera pas. Les Québécois sont tannés d'un gouvernement qui fait semblant d'agir et qui n'agit pas», a-t-il ajouté plus tard.

Son collègue le député de Rousseau abonde dans le même sens. «Nous avons offert notre collaboration. L'ADQ aussi a offert sa collaboration. On espère que Jean Charest va saisir l'opportunité. S'il ne saisit pas l'opportunité, bien là, on verra. On ne peut pas non plus laisser le gouvernement prendre de mauvaises décisions de façon continuelle. Si dans un mois, il n'a pas mis en place des mesures, moi je n'exclus rien», a souligné François Legault.

La chef péquiste estime toutefois que son caucus n'est pas divisé sur la question de déclencher ou non des élections. «Les gens ne sont pas déchirés, ils sont prêts, a-t-elle rétorqué. Nos membres et les leaders de ce parti sont prêts à aller en élections. Mais nous ne pensons pas que ce soit pertinent de le faire maintenant, et là-dessus il y a unanimité chez nous, je crois.»

Par ailleurs, les délégués du Parti québécois se sont penchés hier sur l'argumentaire qui accompagnera le Manifeste pour la souveraineté, outil pour mieux vendre «le projet de pays», a dit Mme Marois, qui s'est félicitée d'avoir remis «la souveraineté au coeur de l'action politique» de son parti.

Dans les prochaines semaines, si les élections ne sont pas déclenchées, elle fera la tournée du Québec pour rencontrer les gens et discuter de souveraineté, à commencer par les étudiants des cégeps et des universités, a-t-elle indiqué.