Le célèbre stratège républicain Karl Rove a lancé un message aux conservateurs canadiens : les slogans simplistes ne suffisent tout simplement pas.

M. Rove a donné le coup d'envoi vendredi à la Conférence de réseautage Manning, qui réunit les conservateurs provinciaux et fédéraux les plus influents, des penseurs, des stratèges et des politiciens.

L'événement de cette année a lieu à sept mois des élections fédérales, et alors que les libéraux de Justin Trudeau sont embourbés dans l'affaire SNC-Lavalin.

M. Rove a abordé la montée du populisme aux États-Unis, qui a porté au pouvoir Donald Trump à l'élection présidentielle de 2016, et a exprimé son aversion pour la « grossièreté » et la personnalité du président, qui selon lui ont éloigné plusieurs électeurs, surtout les femmes, du Parti républicain.

Les conservateurs doivent donc apprendre une leçon de cette expérience : il faut prendre les propositions de l'opposition aux sérieux, a-t-il signalé.

Il ne faut pas se moquer des idées des autres et expliquer aux Américains pourquoi ce n'est pas la bonne approche, a-t-il ajouté.

« Finalement, nous devons aller sur le terrain et commencer à décrire - ce qui est difficile dans mon pays - ce que nous offrons comme options », a-t-il indiqué.

Aux États-Unis, il est particulièrement urgent que les conservateurs réagissent à la proposition d'un système de santé universel, avancée par certains démocrates, a-t-il plaidé.

Il n'a soulevé aucun enjeu précis au Canada, mais son message pourrait sans doute s'appliquer à la ferme opposition du Parti conservateur au projet libéral de taxe sur le carbone. Les conservateurs jugent qu'elle serait nuisible pour les emplois et qu'elle entraînera une augmentation des coûts, mais ils n'ont toutefois pas proposé leur propre plan pour lutter contre les changements climatiques.

Karl Rove est décrit comme l'architecte des deux victoires présidentielles de George W. Bush. Il est également un personnage controversé dans la politique américaine ; il est derrière plusieurs publicités négatives et il a joué un rôle clé dans le soi-disant « argent noir » provenant des comités d'action politique.

Selon lui, M. Trump pourrait bien remporter un deuxième mandat, mais « si (son équipe) est réaliste, elle comprendra qu'ils s'enlignent vers une course ardue ».

Il a prédit que Donald Trump s'inspirera de la stratégie de son prédecesseur, Barack Obama, pour gagner les élections : il fera un appel à l'unité comme il l'a fait « intelligemment » dans son dernier discours sur l'état de l'Union, a-t-il affirmé.

Et d'après lui, M. Trump tentera de discréditer son adversaire bien avant le début de la campagne à la présidence.

Selon lui, le président républicain s'attend à ce que les démocrates élisent un candidat plus à gauche qui proposera des idées comme la gratuité scolaire et les soins de santé gratuits.

« Le président a commencé à préparer le terrain pour 2020 dans le discours sur l'état de l'Union en disant : "Nous n'avons jamais été et nous ne serons jamais un pays socialiste" », a-t-il ajouté.

Le premier ministre progressiste-conservateur de l'Ontario, Doug Ford, et le chef conservateur Andrew Scheer doivent également s'adresser aux participants de la conférence samedi.