L'ex-premier ministre Brian Mulroney a exprimé lundi ses «sincères regrets» pour avoir désigné la députée indépendante ontarienne Amanda Simard comme «la p'tite fille», sur le plateau de Tout le monde en parle.
La députée provinciale de Glengarry-Prescott-Russell, Amanda Simard, qui aura bientôt 30 ans, a quitté le caucus progressiste-conservateur de l'Ontario lorsque son gouvernement a décidé de sabrer les budgets consacrés aux services pour les Franco-Ontariens.
M. Mulroney était interrogé par Guy A. Lepage sur le rôle que pourrait jouer sa fille, Caroline Mulroney, qui est ministre des Affaires francophones et Procureure générale dans le gouvernement de Doug Ford, pour défendre les francophones de l'Ontario. L'ex-chef progressiste-conservateur fédéral a répondu avec vigueur que Caroline Mulroney pouvait au moins jouer un rôle au sein du cabinet, alors que «la p'tite fille qui a démissionné, là, elle est partie, c'est fini, ça» - en faisant allusion à Mme Simard.
En début de journée lundi, Mme Simard écrivait sur Twitter que M. Mulroney avait tenté de défendre sa fille qui, à son avis, a complètement laissé tomber les Franco-Ontariens. Elle a ajouté que l'ancien premier ministre avait fait de grandes choses pour le Canada, mais que ses propos appartenaient à une autre époque et qu'ils n'avaient pas leur place dans une société respectueuse et égalitaire.
Dans un communiqué publié lundi après-midi, M. Mulroney a indiqué qu'il «n'avait aucune intention d'insulter quiconque avec ce mauvais choix de mots» et il exprime ses «sincères regrets». Il précise qu'il aurait «dû employer l'expression jeune femme».
L'ex-premier ministre avait soutenu à Tout le monde en parle que le gouvernement de Doug Ford avait été élu pour réduire le déficit de la province, et que Caroline Mulroney «est membre d'un gouvernement, ce n'est pas elle qui décide. Elle est prise à travailler avec ses collègues pour réparer les pots cassés».
Mme Muroney, une «marionnette»
Dans un message également transmis sur Twitter quelques heures plus tôt, le député néo-démocrate provincial Guy Bourgouin avait répondu à M. Mulroney que l'héritage et la culture des francophones de l'Ontario ne sont pas une simple monnaie d'échange. «Nos demandes sont simples: retour du Commissariat aux services en français et financement de l'Université de l'Ontario français», écrivait M. Bourgouin, porte-parole de son parti pour les affaires francophones.
Amanda Simard a été élue députée de Glengarry-Prescott-Russell pour le Parti progressiste-conservateur de l'Ontario aux élections générales de l'an dernier. Quelques mois plus tard, elle a claqué la porte du parti devant le refus du premier ministre Ford d'annuler l'abolition du projet universitaire francophone et d'assurer la survie du commissariat indépendant aux services en français.
La décision d'Amanda Simard avait alors été saluée par plusieurs personnalités de la francophonie ontarienne. La position du gouvernement Ford, dont Caroline Mulroney fait partie, a cependant été largement critiquée.
Lors d'un échange en direct sur Facebook organisé par la chaîne franco-ontarienne ONFR en début d'après-midi, lundi, Mme Simard a notamment indiqué: «J'ai certainement plus de pouvoir en tant que députée indépendante que marionnette.»
Lorsqu'un internaute a demandé à la députée indépendante si elle avait l'intention de passer aux libéraux ou aux néo-démocrates, elle a soutenu qu'elle n'avait pas de discussions en ce sens pour l'instant. «Je prends mon temps, c'est une décision que l'on ne peut pas prendre à la légère.»
Elle a en tous cas affirmé qu'elle ne regrettait «aucunement» sa décision de quitter le Parti progressiste-conservateur. «Ce n'est pas moi qui ai quitté le parti, mais mon parti qui m'a quittée.»
Interrogée plus tôt dans les couloirs de l'Assemblée législative sur les propos de M. Mulroney, elle a soutenu que «l'encouragement de tous les gens, je pense que ça c'est prometteur pour toutes les jeunes femmes qui veulent se présenter en politique».

PHOTO LE DROIT
Amanda Simard