Le ministre fédéral de la Sécurité frontalière, Bill Blair, reconnaît qu'il y a accumulation de dossiers en suspens de demandeurs d'asile à l'étape du filtrage de sécurité, y compris pour les entrées de façon irrégulière à la frontière avec les États-Unis. Il soutient toutefois que cela ne constitue pas un problème de sécurité.

Des documents internes au gouvernement, obtenus par l'avocat Richard Kurland en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, montrent que, au 28 février 2018, 11 745 demandeurs d'asile étaient en attente d'une seconde étape de filtrage de sécurité, comparativement à 1683 deux ans auparavant, soit une augmentation d'environ 700 %.

Tous ceux qui étaient en attente avaient déjà été examinés une première fois à la frontière pour déterminer s'ils constituaient une menace claire pour la sécurité.

Selon ces documents, les requérants devaient attendre en moyenne 72 jours pour la conclusion du second filtrage de sécurité.

Dans l'ensemble, 41 % des cas en attente étaient des demandeurs d'asile « déjà au Canada, mais n'ayant pas fait l'objet d'une enquête de sécurité », ont écrit des représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada dans une présentation expliquant pourquoi les dossiers s'accumulent.

Ces documents, d'abord mis au jour par le Toronto Star, ont mis de l'huile sur le feu pendant la période des questions de l'après-midi à la Chambre des communes.

Le ministre de la Sécurité frontalière a soutenu que les responsables contrôlent tous les demandeurs d'asile à la frontière et qu'il n'y a pas de problème de sécurité.

Il a affirmé qu'il y a des dossiers qui s'accumulent dans la vérification supplémentaire des antécédents impliquant la GRC et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, mais n'a pas précisé combien de personnes sont en attente.

« Dans le cadre du processus de détermination de leur admissibilité à l'asile, un dépistage additionnel est effectué », a dit M. Blair.

« Nous travaillons dur pour réduire l'arriéré qu'ils nous ont laissé », a-t-il déclaré en référence au gouvernement conservateur précédent. « Nous allons mener à bien ce processus avant que quiconque ne puisse prétendre au statut de réfugié dans notre pays. »

Michelle Rempel, porte-parole conservatrice en matière d'immigration, s'est demandé comment M. Blair peut affirmer qu'il n'y a aucune menace à la sécurité si les personnes impliquées n'ont pas encore passé tout le processus de filtrage.

« On pourrait arguer qu'il est difficile d'évaluer si une personne pose un risque pour la sécurité du Canada si son filtrage de sécurité n'est pas terminé », a fait valoir Mme Rempel.

Toutes les personnes qui franchissent la frontière sont contrôlées à leur arrivée et subissent une analyse biométrique afin de vérifier les données conservées par certains alliés du Canada, tels que les États-Unis, afin de déterminer si la personne fait l'objet de mises en garde.

Les demandeurs d'asile qui réussissent le premier test sont admis dans le pays, puis subissent un contrôle secondaire impliquant la GRC et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour voir si quelque chose dans leur passé pourrait les rendre inadmissibles.

M. Kurland a dit croire que certains demandeurs d'asile ne faisant pas l'objet de mises en garde primaires pouvaient compter par exemple « de nombreux antécédents criminels de vol » - le genre de choses que la vérification initiale n'est pas conçue pour détecter.