L'ambassadeur du Canada à Pékin, John McCallum, exposera la situation en Chine vendredi matin, mais seule une poignée de députés fédéraux auront le droit de l'entendre.

Le comité parlementaire des Affaires étrangères a convenu d'inviter l'ambassadeur pour une séance d'une heure à huis clos, à Ottawa.

Les députés conservateurs et néo-démocrate qui siègent sur le comité ont tenté, en vain, d'obtenir que l'ambassadeur ajoute quelques minutes supplémentaires publiques.

« Ça risque d'être intéressant. Mais je pense qu'on aurait pu en faire plus. Et je ne comprends pas pourquoi les libéraux refusent d'avoir, en plus d'une rencontre à huis clos [...] également une rencontre en public », s'est désolée Hélène Laverdière, jeudi, à la sortie de la réunion du comité.

« Il y a des vies canadiennes dans la balance. [...] Il y a un niveau de sécurité qu'on doit appliquer pour être sûrs qu'ils restent sains et saufs », a offert le secrétaire parlementaire Andrew Leslie, argument que ses collègues libéraux avaient présenté pendant la courte réunion du comité, jeudi après-midi, qui a conduit à l'invitation officielle de l'ambassadeur pour le lendemain.

Les relations sont tendues entre le Canada et la Chine depuis l'arrestation en décembre d'une dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou, à la demande des États-Unis. Elle est retenue au Canada, en attente d'une procédure d'extradition pour répondre à des accusations américaines.

Pékin a réagi en arrêtant en Chine deux citoyens canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, détentions qu'Ottawa juge arbitraires. Depuis, la justice chinoise a également imposé la peine de mort à Robert Lloyd Schellenberg, un Canadien détenu en Chine pour trafic de drogues.

Le premier ministre Justin Trudeau multiplie les appels à des pays alliés pour que ceux-ci, à leur tour, fassent pression sur la Chine.

Jeudi, son bureau rapportait la plus récente conversation téléphonique du genre, avec le premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong. « Les deux dirigeants ont discuté de la détention de deux Canadiens en Chine, de la peine de mort infligée à un troisième Canadien en Chine et de l'importance de protéger les normes internationales, dont l'immunité diplomatique, l'indépendance judiciaire et le respect de la primauté du droit », peut-on lire dans le compte-rendu offert par le bureau de M. Trudeau.

Appeler « tous nos amis », ce n'est « pas suffisant », objecte Erin O'Toole, député conservateur.

Il réclame plutôt que le premier ministre appelle directement le leader chinois Xi Jinping.

« Quand serait-ce le temps d'appeler ? Après la détention de 28 Canadiens ? De 100 Canadiens ? », a lancé M. O'Toole à la porte du comité qui entendra l'ambassadeur vendredi. « Si (M. Trudeau) craint que pareil appel téléphonique se solde par un échec, il doit le dire aux Canadiens », a-t-il réclamé.

En Chine, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying a déclaré jeudi que les citoyens chinois seraient en danger au Canada depuis la détention « sans raison » de Meng Wanzhou.

« Quelle menace la Chine représente-t-elle pour le Canada ? », a demandé la porte-parole en réponse aux questions des journalistes sur la querelle entre les deux pays. « Je crois que votre ministre des Affaires étrangères était pressée et ne peut s'empêcher de parler sans réfléchir », a-t-elle critiqué.

Mercredi, la ministre canadienne Chrystia Freeland avait dénoncé, une fois de plus, les détentions arbitraires des Canadiens en Chine, affirmant que pareil comportement est une « menace pour tous les pays ».