Le premier ministre, Justin Trudeau, a vanté devant ses partisans mercredi les mérites du projet de gaz naturel liquéfié en Colombie-Britannique, qui est au coeur d'une impasse avec certaines communautés des Premières Nations.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a arrêté lundi 14 personnes dans le nord-ouest de la province sur une barricade érigée contre la construction du pipeline Coastal GasLink, élément clé du projet de gaz naturel liquéfié de LNG Canada à Kitimat, d'une valeur de 40 milliards.

Le gazoduc de 6,2 milliards de Coastal GasLink Pipeline, filiale de TransCanada, doit transporter, sur une distance de 670 kilomètres, du gaz naturel liquéfié de la région de Dawson Creek, près de la frontière albertaine, jusqu'au port en eaux profondes de Kitimat, près du Pacifique.

Des membres de la première nation Wet'suwet'en avaient établi un campement de fortune et un poste de contrôle au sud-ouest de Houston, en Colombie-Britannique, pour bloquer un chemin forestier menant à un site de construction du pipeline.

Dans un discours à saveur électoraliste prononcé devant des partisans libéraux lors d'une activité de financement à Kamloops, mercredi, M. Trudeau n'a pas parlé de ces arrestations. Il a cependant soutenu que le projet de grande envergure constituait l'une des principales réalisations de son gouvernement au cours de la dernière année.

« [Ce projet] produira du gaz naturel liquéfié canadien qui remplacera le charbon comme source d'énergie en Asie et fera beaucoup pour l'environnement », a-t-il déclaré à ses militants.

Un dénouement « pas idéal »

En début de journée mercredi, M. Trudeau se disait désolé que 14 personnes aient été arrêtées lundi. Dans une entrevue accordée à la radio de CBC à Kamloops, avant sa visite dans cette ville, il a admis que ce dénouement « n'était pas idéal » et a assuré que son gouvernement était déterminé à oeuvrer à la réconciliation avec les Autochtones. Mais il a aussi admis qu'un différend persiste concernant le pipeline et qu'il était important de « laisser les gens exprimer leurs préoccupations ».

« Il y a un certain nombre de personnes et de communautés qui appuient le projet, et un certain nombre de personnes qui ne sont pas d'accord », a-t-il dit, tout en rappelant que le Canada est un pays où règne l'État de droit et que les jugements des tribunaux doivent être respectés.

La GRC a fait respecter lundi une injonction de la Cour suprême de la Colombie-Britannique (l'équivalent de la Cour supérieure), qui a interdit toute obstruction au projet de gazoduc dans et autour du pont de la rivière Morice. La compagnie Coastal GasLink Pipeline plaide qu'elle a signé des accords avec toutes les communautés des Premières Nations le long du tracé, mais les manifestants soutiennent que les chefs de Wet'suwet'en, héréditaires plutôt qu'élus, n'avaient pas donné leur consentement.

Le premier ministre a estimé qu'il était important maintenant de « réduire la tension » sur le site du blocus érigé le long d'un chemin forestier au sud-ouest de Houston. C'est pourquoi, dit-il, il ne se rendra pas sur place, car, « parfois, cette façon de faire amplifie l'attention politique et les enjeux ».

Des dizaines de manifestants des deux côtés du débat s'étaient donné rendez-vous mercredi devant l'hôtel où M. Trudeau participait à l'activité de financement. D'autres profitaient de la présence du premier ministre pour dénoncer la « taxe verte » du gouvernement fédéral ou le Pacte mondial sur les migrations, un traité de l'ONU signé par le Canada.

Tournée hivernale

Justin Trudeau a entrepris mercredi en Colombie-Britannique une tournée nationale, avant la reprise des travaux à la Chambre des communes, le 29 janvier, et en ce début d'année électorale. Il devait rencontrer le maire de Kamloops, Ken Christian, avant de s'entretenir avec deux dirigeants autochtones.

En plus de l'activité partisane de financement, M. Trudeau devait également participer en soirée à une assemblée publique avec des citoyens à l'Université Thompson Rivers, toujours à Kamloops.

Depuis 2017, M. Trudeau participe dans plusieurs villes du Canada, les mois d'hiver, à de telles assemblées publiques, ce qui s'apparente à une tournée de campagne électorale.

La circonscription fédérale de Kamloops-Thompson-Cariboo est représentée par des députées conservatrices depuis sa création en 2003. Mais, au scrutin d'octobre 2015, Cathy McLeod avait obtenu 35 % des voix, contre environ 30 % chacun pour le libéral et le néo-démocrate. Il s'agit donc pour les libéraux d'une circonscription-clé à conquérir lors des élections générales d'octobre.