Le gouvernement libéral a annoncé vendredi son intention de légiférer sur les services aux enfants et aux familles autochtones dans l'année à venir, en collaboration avec des organisations autochtones.

La ministre des Services aux Autochtones, Jane Philpott, a reconnu que les services de protection de l'enfance ont arraché des enfants autochtones à leur famille pendant plus d'un siècle.

«Il s'agit de notre version moderne du legs des pensionnats», a-t-elle déploré.

Selon la plupart des données statistiques, il y a plus d'enfants autochtones placés en famille d'accueil aujourd'hui qu'il n'y en avait dans les écoles résidentielles à leur apogée.

La ministre Philpott estime que près de 80 % des enfants autochtones placés en famille d'accueil ont été séparés de leurs parents en raison de « négligence » - un terme qui rime en fait avec leur pauvreté.

Le projet de loi ne reconnaîtra plus la pauvreté comme une raison valable pour déclencher une telle prise en charge.

Les enfants placés en familles d'accueil sont plus susceptibles d'être incarcérés, de se suicider, de se retrouver à la rue, d'être assassinés et de devenir proie à un réseau de traite de personnes, a relevé la ministre Philpott.

«Ce sont les enfants les plus vulnérables de notre pays. Nous devons les écouter. Mais derrière le vacarme de nos vies quotidiennes, les cris de ces enfants sont à peine audibles», s'est-elle désolée.

La ministre a fait cette annonce dans le foyer de la Chambre des communes, aux côtés du chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde ; du président d'Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed ; et du président du Conseil national des Métis, Clément Chartier.

Perry Bellegarde a dit espérer que ce projet loi élaboré conjointement avec les Premières Nations constituera une étape importante vers un remaniement du système qui continue de briser des familles.

«C'est ce à quoi il faut s'accrocher. Ça donne plus d'espoir que le nombre (d'enfants sous la protection de l'enfance) va baisser», a-t-il avancé.

Selon les données gouvernementales, les jeunes Autochtones représentent plus de la moitié des enfants placés en famille d'accueil dans des maisons privées au pays et ils courent un risque accru d'être incarcérés et de connaître des problèmes de santé.

La ministre Philpott espère que le projet de loi pourra être présenté aux Communes à la reprise des travaux parlementaires, à la fin du mois de janvier. Elle a également dit espérer qu'il pourra être adopté avant le déclenchement des élections à l'automne prochain.

Les trois leaders autochtones se sont joints à elle en appelant au soutien de tous les partis. Selon Natan Obed, quiconque tentera d'instrumentaliser le bien-être des enfants à des fins partisanes perdra aussitôt le soutien du public.