Le premier ministre du Québec, François Legault, a demandé lundi à son homologue ontarien Doug Ford de revenir sur sa décision de ne plus financer la création d'une université francophone à Toronto et d'abolir le Commissariat aux services en français.

«Pour l'instant, il n'est pas ouvert à ça», a toutefois rapporté M. Legault après une rencontre qu'il a eue avec M. Ford à Queen's Park.  

«J'ai fait valoir ma déception. J'ai aussi fait valoir à M. Ford que je n'avais pas aimé que l'on compare les francophones avec les Chinois ou les autres cultures. On est un des deux peuples fondateurs du Canada, on doit s'attendre à ce que les services soient donnés», a ajouté le premier ministre québécois.

«Ce qu'il m'a dit, c'est qu'il y avait des enjeux d'équilibres budgétaires et qu'il y avait déjà des services donnés dans certains collèges et universités en français. [...] Ça n'envoie pas un bon message aux francophones [du Canada], mais ce n'est pas ma décision», a-t-il poursuivi.  

Le premier ministre ontarien n'a accordé aucune entrevue ou mêlée de presse à la presse parlementaire qui accompagnait M. Legault à Toronto.  

Un plan économique interprovincial 

Cette crise linguistique qui mobilise ces jours-ci les Franco-Ontariens n'a toutefois pas empêché François Legault d'établir un plan de développement économique avec Doug Ford.  

Pendant leur rencontre à Queen's Park, les deux premiers ministres se sont entendus pour mandater leurs équipes respectives à développer un plan afin d'accroitre de part et d'autre à 50 milliards les échanges commerciaux annuels effectués entre le Québec et l'Ontario.  

«Actuellement on est deux immenses partenaires commerciaux. L'Ontario exporte 42 milliards par année au Québec et le Québec exporte 40 milliards par année à l'Ontario. M. Ford et moi on s'est dit qu'il fallait viser à ce que le plus tôt possible on monte ça à 50 milliards de chaque côté», a expliqué M. Legault.  

Décrivant sa première rencontre avec M. Ford de façon positive, le premier ministre québécois a affirmé que les ministres de l'Économie des deux provinces se rencontreraient désormais deux fois par année pour développer un plan de développement économique et s'assurer des résultats.  

Après la Nouvelle-Angleterre la semaine dernière, François Legault était aussi de passage à Toronto lundi pour convaincre Doug Ford d'un «deal qu'il ne pourra pas refuser» concernant l'approvisionnement en hydroélectricité du Québec à l'Ontario.  

«J'ai proposé aussi à M. Ford de regarder la possibilité que des employés venant de l'Ontario soient employés dans la construction éventuelle de nouveaux barrages hydroélectriques au Québec [pour alimenter sa province en énergie]. La proposition est là, donc on va continuer d'en discuter», a dit M. Legault.