Entretenant le plus grand mystère depuis des semaines au sujet de son avenir politique à Ottawa, le député libéral de Saint-Léonard-Saint-Michel Nicola Di Iorio, a finalement annoncé mardi qu'il va démissionner de son poste de député à compter de janvier.

Dans un long message sur sa page Facebook, M. Di Iorio, qui n'a pas été vu à la Chambre des communes depuis plusieurs mois, a indiqué qu'il compte partir pour de bon le 22 janvier 2019 après avoir finalisé certains projets et mené à bien les mandats que lui ont confié certains de ses concitoyens.

«Afin de finaliser certains projets avec mes concitoyens et les mandats que vous m'avez confiés, je demeurerai, tel que convenu, en poste jusqu'à la veille de la prochaine session, à savoir le 22 janvier 2019, à partir de quand ma démission sera effective. Dans l'intervalle, je servirai pleinement mes concitoyens», a-t-il écrit.

«Je serai présent en Chambre lorsque requis par mon Whip ou par vous et je continuerai à exercer toutes mes autres fonctions de députés. De plus, même après ma démission, je veillerai sur les intérêts de mes électeurs jusqu'à l'élection générale en me rendant disponible, présent et alerte à leurs préoccupations et en leur offrant mon concours en tant que bénévole», a-t-il ajouté.

Au cours des derniers jours, la pression avait augmenté considérablement sur le premier ministre Justin Trudeau pour qu'il précise la mission secrète confiée au député Nicola Di Iorio, qui ne s'est pas présenté à la Chambre des communes depuis des mois et continue d'alimenter le flou sur son avenir politique.

Le député de Saint-Léonard-Saint-Michel avait annoncé sa démission en avril dernier, puis fait un discours d'adieu à ses collègues en juin, avant d'affirmer en septembre qu'il souhaitait finalement rester en poste. Nicola Di Iorio s'est ensuite octroyé un mois de réflexion pour rendre une décision finale, pendant qu'il s'acquitte de «responsabilités» confiées par le premier ministre.

Mardi, M. Di Iorio a tenté d'expliquer les nombreux rebondissements de sa carrière politique à Ottawa.

«Après avoir annoncé ma démission, j'ai entrepris une tournée de mon comté et des forces vives qui le composent, activité que j'ai poursuivie sans interruption tout au cours de la saison estivale jusqu'à maintenant. Il va de soi que je voulais remercier mes électrices et mes électeurs. Je voulais aussi les rassurer quant à mon soutien indéfectible, lequel se poursuivra tant que la vie me l'autorisera. Mon expérience, mes qualifications et mon engagement leurs sont acquis même en l'absence de fonction officielle. À ma grande surprise, je me suis laissé convaincre de tenter de remettre en question le douloureux choix que j'avais fait d'annoncer ma démission», a-t-il écrit.

«Comme vous le savez, en me concentrant sur les mandats que vous m'avez donnés, j'ai dû demeurer à l'écart de la Chambre depuis la rentrée. Pendant cette période, j'ai poursuivi mes consultations et ma réflexion quant à mon avenir. L'heure est maintenant venue pour moi de conclure que mes efforts, mon engagement et ma volonté de mobilisation pour les causes qui me tiennent tant à coeur seront vouées à de meilleures probabilités de réussite si je les mène en tant que citoyen engagé plutôt qu'à titre de député», a-t-il ajouté.

Après des semaines de spéculation sur la colline parlementaire, et une absence de décision de M. Di Iorio, deux députés conservateurs ont sommé lundi Justin Trudeau de remettre les pendules à l'heure. «Le premier ministre peut-il dire à la Chambre quelle est cette mission si importante que le député est exempté de se présenter au travail à Ottawa?» a tonné Candice Bergen, leader du Parti conservateur aux Communes.

Les conservateurs d'Andrew Scheer comptaient revenir à la charge mardi après-midi durant la période de questions à la Chambre des communes.

En matinée, le premier ministre Justin Trudeau a refusé de dire quel mandat il avait confié à son député pour justifier son absence des Communes depuis des mois. Il a invité les journalistes à poser la question au principal intéressé.

Nicola Di Iorio, payé plus de 170 000 $ par année pour son travail de député, est aussi avocat associé au cabinet d'avocats montréalais BCF. Sur sa page Facebook, il avait indiqué vendredi dernier que les responsabilités confiées par Justin Trudeau «requièrent, justifient et autorisent (son) absence de la Chambre».

Les collègues libéraux de Nicola Di Iorio semblaient eux aussi tout ignorer du mandat secret qui l'empêche de se rendre à Ottawa depuis des mois. Le ministre des Transports Marc Garneau, en charge du dossier de la sécruité routière, a indiqué lundi en mêlée de presse n'avoir «aucune idée» de ses responsabilités spéciales.

Idem pour la ministre du Tourisme et des langues officielles Mélanie Joly, qui croit cependant que M. Di Iorio «a présentement a tous les pouvoirs pour prendre une bonne décision éclairée et pour bien représenter ses concitoyens dans Saint-Léonard».

Les activités professionnelles extérieures ne sont pas interdites aux élus fédéraux, sauf s'ils occupent un poste au cabinet.