Des députés libéraux qui représentent des circonscriptions situées à l'extérieur du Québec comptant une importante communauté francophone invitent la chroniqueuse Denise Bombardier à faire ses valises.

Ils l'invitent à se rendre dans certaines régions en Ontario, au Manitoba, en Alberta, et pourquoi pas en Nouvelle-Écosse aussi, pour bien prendre le pouls des minorités francophones dans ces provinces majoritairement anglophones. Elle va se rendre compte que ce pouls continue de battre, malgré ses déclarations à l'émission Tout le monde en parle selon lesquelles les communautés francophones « ont à peu près toutes disparu » à l'extérieur du Québec.

Ces députés - qui font partie du caucus libéral des communautés de langue officielle en situation minoritaire - ont décidé de riposter hier aux propos de Denise Bombardier en tenant une conférence de presse dans le foyer de la Chambre des communes.

« L'ignorance n'a jamais bien servi une société. L'ignorance n'a jamais bien servi une communauté francophone hors Québec. J'ai un message pour Mme Bombardier et toute autre personne qui pense qu'il n'y a pas de francophones hors Québec : appelez-nous ! Oui, il y a des francophones. Il y a 2,7 millions de francophones hors Québec. Vive l'Ontario français », a déclaré Francis Drouin, député de Glengarry-Prescott-Russell, dans l'Est ontarien, entouré d'une dizaine de ses collègues libéraux.

« La prochaine fois que quelqu'un apprend que je parle français, et qu'on me dit : "Oh ! Vous êtes tellement une perle rare", je vais lui dire de venir chez moi. "Viens je vais te montrer non seulement tout le collier, mais aussi tous les autres beaux bijoux que nous avons en Alberta" », a lancé pour sa part le député franco-albertain de la région d'Edmonton, Randy Boissonnault.

« L'Alberta compte maintenant 264 000 Albertains qui sont bilingues. L'Alberta est un foyer pour les francophones, les francophiles, les franco-curieux, et les franco-queers. Presque 30 % des enfants qui sont inscrits à l'école sont dans des programmes d'immersion. Le plus grand pourcentage de participation [par habitant] au pays », a-t-il ajouté.

TOLLÉ

Denise Bombardier a provoqué un tollé durant l'émission Tout le monde en parle du 21 octobre en affirmant sans ambages que les communautés francophones avaient essentiellement rendu leur dernier souffle à l'extérieur du Québec.

« À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu », a notamment affirmé Mme Bombardier, qui lançait récemment son autobiographie, alors qu'elle échangeait avec l'ancien premier ministre Jean Chrétien, également présent à l'émission.

Les propos de Mme Bombardier, qui n'étaient pas sans rappeler ceux tout aussi controversés de l'auteur Yves Beauchemin (« des cadavres encore chauds » en parlant des francophones hors Québec) ou encore de l'ancien premier ministre René Lévesque (« dead ducks »), ont été dénoncés par plusieurs militants de la francophonie. Certains ont exigé des excuses. Mme Bombardier a refusé de faire amende honorable.

Le député libéral de Saint-Boniface-Saint-Vital, Dan Vandal, a rappelé la mémoire de Louis Riel, leader métis et père fondateur du Manitoba, pour souligner les racines des communautés francophones dans sa province.

« Louis Riel s'est assuré que tous nos jeunes puissent apprendre la langue française dans nos écoles. Maintenant, nous avons 16 municipalités bilingues au Manitoba. Nous avons une division scolaire franco-manitobaine qui compte de 12 à 15 écoles à travers le Manitoba. [...] Comme la Société de la francophonie du Manitoba dit si bien : de génération en génération, nous y sommes. De génération en génération, nous y serons », a-t-il dit.