Ottawa doit continuer à soutenir financièrement les gouverneurs généraux du Canada même après leur départ, mais les anciens représentants de la reine doivent aussi être plus transparents et responsables quant à leurs dépenses, a estimé Justin Trudeau mercredi.

Le premier ministre était appelé à commenter un article de Postmedia qui révélait mercredi qu'Adrienne Clarkson, gouverneure générale de 1999 à 2005, avait facturé aux contribuables canadiens plus d'un million de dollars de dépenses depuis son départ il y a 13 ans.

Partant du principe que les gouverneurs généraux ne prennent jamais vraiment leur retraite, ils reçoivent, en plus de leur pension, un financement public à vie pour leurs dépenses de bureau et frais de déplacement, par le biais d'un programme existant depuis 1979.

M. Trudeau a déclaré mercredi que le gouvernement fédéral réexaminera ce programme, afin de déterminer les « meilleures pratiques » pour soutenir financièrement les anciens gouverneurs généraux.

Interpellé à son arrivée à la réunion hebdomadaire du caucus libéral, mercredi matin, le premier ministre a soutenu que ces personnes avaient offert « des services extraordinaires à notre pays », mais il a admis que les Canadiens s'attendaient « à un certain niveau de transparence et de responsabilité ».

Rideau Hall a défendu la pratique consistant à soutenir financièrement les anciens gouverneurs généraux, mais a exprimé son appui à la volonté de M. Trudeau de l'examiner.

« Une fois que les gouverneurs généraux ont terminé leur mandat, on s'attend toujours à ce qu'ils restent des personnalités canadiennes », a expliqué Natalie Babin Dufresne, directrice des communications au bureau du secrétaire du gouverneur général.

« Cette attente [...] signifie qu'ils sont régulièrement sollicités pour soutenir diverses causes, participer à des événements importants et mener des activités officielles. Les politiques gouvernementales prévoyant le soutien dont ont besoin les anciens gouverneurs généraux pour cette vie publique devraient être revues régulièrement. »

Mme Babin Dufresne a précisé que ces politiques couvraient « les dépenses administratives raisonnables et justifiées », notamment le soutien administratif, les bureaux et le mobilier de bureau, les services professionnels, les déplacements et l'hébergement. Les originaux des reçus et des factures sont requis lorsqu'une demande de remboursement est soumise, a-t-elle souligné.

Plus de 100 000 $ par année

Après son départ de Rideau Hall, Mme Clarkson a facturé neuf années sur douze plus de 100 000 $ - le seuil à partir duquel le demandeur est identifié dans les Comptes publics annuels du gouvernement fédéral. Les Comptes publics ne révèlent toutefois aucun détail sur la nature de ces dépenses.

Les dépenses de moins de 100 000 $ facturées par les anciens gouverneurs généraux se retrouvent sous la rubrique générale « services d'aide temporaire », qui n'identifie pas les demandeurs.

Le député conservateur Gérard Deltell a invité Mme Clarkson à expliquer publiquement ses frais. « Lorsque vous dépensez un cent de l'argent public, vous devez vous expliquer - particulièrement quand vous avez été gouverneure générale », a-t-il déclaré. M. Deltell estime toutefois qu'il serait prématuré de fixer un plafond pour de telles dépenses à l'avenir, avant d'entendre « ce qu'elle a fait avec cet argent ».

« C'est au cas par cas : parfois c'est vrai, parfois c'est faux, vous savez. »

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a estimé de son côté qu'il lui manquait des éléments pour pouvoir commenter ce dossier précis. Il a toutefois soutenu que de façon générale, les dépenses de fonds publics devraient toujours être « respectueuses » des contribuables.