Désirant tourner rapidement la page sur le départ fracassant de son ex-rival Maxime Bernier, le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, a lancé un vibrant appel à l'unité de ses troupes, vendredi soir, rappelant que la victoire du candidat conservateur Richard Martel aux dépens des libéraux de Justin Trudeau dans Chicoutimi-Le Fjord à l'élection partielle de juin était la preuve qu'une victoire aux élections générales prévues en octobre 2019 était tout aussi possible.

Dans un discours-fleuve au ton souvent personnel de près d'une heure devant quelque 3000 militants réunis en congrès national jusqu'à aujourd'hui, Andrew Scheer a rappelé que les coffres du Parti conservateur étaient bien garnis à 12 mois de la prochaine campagne, que le recrutement de candidats battait son plein et que ses troupes talonnaient le gouvernement Trudeau sans relâche aux Communes sur les sujets qui sont chers aux conservateurs.

Après la victoire des conservateurs de Doug Ford en Ontario, et le retour au pouvoir attendu des conservateurs en Alberta sous la houlette de Jason Kenney en mai 2019, M. Scheer a soutenu qu'il était possible de mettre fin au règne des libéraux de Justin Trudeau après un seul mandat, à condition de ne pas sombrer dans la discorde.

« Nous gagnons la lutte contre la taxe sur le carbone, nous nous battons pour le libre-échange, nous soutenons une immigration légale et ordonnée et nous défendons l'équilibre budgétaire. Et grâce à tout ça, nous remportons des élections à des endroits où personne ne nous donnait une chance », a lancé le chef conservateur sous les applaudissements nourris de ses troupes.

« Si nous pouvons gagner la bataille dans Chicoutimi-Le Fjord en respectant nos principes, il n'y a pas un seul endroit au pays où nous ne pouvons pas gagner. »

- Andrew Scheer, chef du Parti conservateur

« C'est le travail acharné de toute notre équipe qui a contribué à cette victoire historique au Saguenay. [...] Et si nous restons unis, si nous continuons de travailler fort, si nous demeurons fidèles à nos principes, dans quelques mois, le chemin des victoires conservatrices va traverser tout le pays », a-t-il ajouté.

AUCUN MOT SUR BERNIER

S'il a tenu à lancer cet appel à l'unité et s'il a longuement fait le procès du bilan des libéraux de Justin Trudeau, M. Scheer n'a fait aucune allusion dans son discours au coup de tonnerre provoqué par le départ de Maxime Bernier. Ce dernier a claqué la porte jeudi en soutenant que son ancien parti était « trop corrompu, intellectuellement et moralement, pour être réformé » parce qu'il adhère à des politiques semblables à celles du gouvernement Trudeau dans des dossiers comme la gestion de l'offre, les subventions aux entreprises et le multiculturalisme. Le député de Beauce compte fonder son propre parti d'ici quelques semaines.

Le chef conservateur a toutefois pris soin de souligner à grands traits dans son discours qu'il comptait défendre les principes de liberté économique des Canadiens - un cheval de bataille de Maxime Bernier.

S'adressant souvent aux militants en français, M. Scheer a aussi soutenu que la donne politique avait changé du tout au tout au Québec au cours des derniers mois, ouvrant toute grande la porte à une bataille à deux entre le Parti libéral et le Parti conservateur.

« Le Bloc et le NPD foncent dans un mur. [...] Il n'y a qu'une seule alternative sérieuse à Justin Trudeau, et c'est nous. Le choix se dessine déjà : un parti à l'écoute, compétent et qui ressemble aux Québécois, le Parti conservateur. Ou un parti qui accumule les échecs, qui démontre son incompétence et qui pousse les idées de Manon Massé, le Parti libéral », a-t-il affirmé.

DÉCLARATION DE REVENUS UNIQUE

Alors qu'en matinée des stratèges conservateurs évoquaient la possibilité de faire d'autres gains au Québec l'an prochain en utilisant la même recette que celle qui a mené à une victoire dans la Chicoutimi-Le Fjord - un candidat bien connu, une campagne de terrain et un message discipliné -, M. Scheer a profité de son allocution pour prendre un premier engagement qui se retrouvera dans le programme électoral de son parti : permettre aux contribuables québécois de remplir une déclaration de revenus unique. Le gouvernement du Québec avait soumis une demande en ce sens au printemps, mais les libéraux de Justin Trudeau y ont opposé une fin de non-recevoir.

« Quand je serai premier ministre, les contribuables québécois ne rempliront qu'un seul rapport d'impôts comme l'ensemble des Canadiens. »

- Andrew Scheer

M. Scheer a accusé au passage les libéraux fédéraux d'être « des fédéralistes paternalistes et centralisateurs ».

« De notre côté, nous avons toujours travaillé à l'autonomie des provinces. Nous voulons collaborer. Pas de temps à perdre avec les chicanes. Et nous allons respecter le désir des Québécois et des Québécoises de se libérer du fardeau du double rapport d'impôts. »

Le chef conservateur, qui a aussi fait état de ses origines modestes, voulant souligner le contraste entre son enfance et celle plus aisée de Justin Trudeau, a aussi promis de rétablir l'équilibre budgétaire s'il est porté au pouvoir, d'abolir la taxe sur le carbone du gouvernement Trudeau et de relancer le projet de construction de l'oléoduc Énergie Est, abandonné l'an dernier par la compagnie TransCanada.