Le député Maxime Bernier claque la porte du Parti conservateur pour tenter de fonder sa propre formation politique.

Le député Maxime Bernier claque la porte du Parti conservateur pour tenter de fonder sa propre formation politique.

«Au cours de la dernière année, j'en suis venu à la conclusion que ce parti est trop corrompu intellectuellement et moralement pour être réformé», a-t-il déclaré jeudi en conférence de presse.

Le député de Beauce avait convoqué les médias à une conférence de presse à Ottawa jeudi, alors que ses ex-collègues se réunissaient à Halifax en congrès.

Il accuse son ancien parti d'avoir «abandonné les conservateurs» sous la gouverne d'Andrew Scheer et va même jusqu'à suggérer que son ancien chef n'a pas de vision. Le Parti conservateur, selon lui, ressemble de plus en plus au Parti libéral.

«Toute la stratégie du parti repose sur la politique identitaire, le racolage de divers groupes d'intérêts et l'achat de votes avec des promesses exactement comme le font les libéraux», a-t-il avancé.

M. Scheer, selon lui, ne défend pas de réelles idées conservatrices.

Un exemple? L'abolition du «cartel» de la gestion de l'offre, une politique «anti-libre marché» et «contre les consommateurs», qui fait obstacle, selon lui, à la conclusion d'un nouvel accord de libre-échange avec l'administration Trump.

«Ils mettent à risque 20 pour cent de notre économie pour 19 000 producteurs (agricoles), a-t-il résumé en parlant des libéraux et de son ancien parti. Je n'arrive pas y croire!»

Il accuse le Parti conservateur d'éviter ce débat difficile tout comme celui qu'il a tenté de soulever par ses récents gazouillis sur la diversité et le multiculturalisme.

«Le gouvernement Trudeau met de l'avant la diversité (...) et je ne suis pas contre, a-t-il précisé. Mais le but doit être la diversité et l'unité.»

Il dit avoir décidé de fonder son propre parti, qui n'a pour l'instant pas de nom, après une conversation avec M. Scheer. Les deux hommes se sont parlés il y a neuf jours, soit peu de temps après les premiers gazouillis de M. Bernier sur l'immigration. Après avoir tenté durant un an sans succès de faire valoir ses idées au sein de son parti, le député dit qu'il en a eu ras le bol.

Il estime que plusieurs autres Canadiens partagent ses idées. Il cite comme preuve le fait qu'il a payé la dette qu'il a accumulée lors de la course à la direction du parti «en un temps record».

Il dit souhaiter que les électeurs de Beauce continuent de le soutenir lors des prochaines élections fédérales. Il avait récolté près de 59 pour cent du suffrage en 2015, loin devant son adversaire libéral.

M. Bernier compte fonder son parti rapidement avant la reprise des travaux parlementaires le 17 septembre. Entre-temps, il siégera comme député indépendant à la Chambre des communes.

Mauvais perdant?

Réagissant depuis Halifax, Andrew Scheer a suggéré que le Beauceron avait mal digéré sa défaite de l'an dernier.

«Depuis qu'il a perdu la course à la chefferie, Maxime ne cesse de démontrer qu'il cherche plus à faire valoir son image personnelle qu'à défendre les principes conservateurs», a-t-il dit en l'accusant «d'aider Justin Trudeau».

Maxime Bernier avait perdu le leadership de peu contre Andrew Scheer. Il avait fini par concéder la victoire au 13e tour après avoir récolté plus de 49 pour cent du vote des militants. M. Scheer avait obtenu un peu plus de 50 pour cent d'appuis.

Le chef conservateur a également rejeté toute suggestion que son parti laisse tomber ses principes fondateurs.

«C'est le Parti conservateur du Canada qui mène la bataille contre la taxe sur le carbone, c'est le caucus conservateur qui se bat pour une immigration planifiée et ordonnée, qui se bat pour des budgets équilibrés et contre les impôts pour les petites entreprises», a-t-il énuméré.

Le député libéral Joël Lightbound y voit plutôt le scénario de l'arroseur arrosé. «C'est le genre d'attaques personnelles qui ont fait la marque de commerce du Parti conservateur sous Stephen Harper et qui visiblement continuent depuis l'arrivée de M. Scheer et ça se retourne contre eux», a-t-il dit.

Les libéraux font aujourd'hui face à trois partis d'opposition en difficulté avec les soubresauts qu'a connus le NPD au cours des derniers mois et la crise que le Bloc québécois tente de mettre derrière lui. La division de la droite pourrait leur donner un coup de pouce encore plus grand pour leur réélection en 2019.