Au lieu d'investir près de 15 milliards de dollars de fonds publics dans l'achat et l'agrandissement de l'oléoduc Trans Mountain pour en tripler la capacité, le gouvernement Trudeau devrait utiliser une partie de cette somme importante pour soutenir les entreprises du domaine de l'énergie propre et renouvelable, estime le chef du NPD, Jagmeet Singh.

Le chef néo-démocrate profite actuellement d'une tournée des régions du Québec afin de visiter les entreprises qui innovent en matière d'énergie renouvelable. Son constat : le premier ministre Justin Trudeau fait fausse route en déliant généreusement les cordons de la bourse du gouvernement fédéral pour soutenir une industrie qui contribue au réchauffement de la planète et qui doit être remplacée le plus rapidement possible par les énergies propres.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Singh n'a pas mâché ses mots envers le premier ministre, l'invitant à faire la même tournée qu'il effectue en ce moment pour bien mesurer l'ampleur de l'innovation dont font preuve les entreprises québécoises.

« La thématique de ma tournée est l'environnement. Cela contraste avec ce que fait le gouvernement fédéral libéral avec l'achat de l'oléoduc Trans Mountain. Ce que l'on veut faire au NPD, c'est investir dans l'énergie propre et renouvelable. On peut créer de bons emplois pas seulement pour aujourd'hui, mais pour les prochaines générations », a lancé M. Singh dans un très bon français.

« C'est un faux choix quand on dit qu'il faut choisir entre l'économie et l'environnement. On peut défendre l'environnement et promouvoir une économie verte en même temps. Le premier ministre devrait faire une tournée comme celle que je fais. Au lieu d'utiliser les fonds publics pour acheter un pipeline de plus de 60 ans, on peut investir davantage dans les entreprises comme celles que j'ai visitées. »

« Il faut arrêter les subventions à l'industrie fossile. À la place, il faut soutenir les entreprises qui innovent dans le domaine de l'environnement, pas seulement au Québec, mais aussi ailleurs au pays. »

- Jagmeet Singh, chef du NPD

UNE FACTURE QUI GRIMPE

En juin, le ministre des Finances Bill Morneau a annoncé que le gouvernement fédéral comptait acheter le pipeline Trans Mountain de la société américaine Kinder Morgan pour la somme de 4,5 milliards. Le gouvernement Trudeau a décidé d'acquérir cet oléoduc construit dans les années 50 alors que la société américaine s'apprêtait à abandonner le projet d'agrandissement en raison de la vive opposition du gouvernement de la Colombie-Britannique, qui craint les conséquences environnementales d'un éventuel déversement sur les cotes de la province.

Récemment, les coûts d'élargissement du pipeline, qui étaient évalués à 7,4 milliards de dollars, ont été revus à la hausse et sont maintenant estimés à 9,3 milliards de dollars - un investissement qui devra être financé par les contribuables. Cette semaine, l'Office national de l'énergie a donné le feu vert aux travaux d'agrandissement du pipeline entre le terminal d'Edmonton et la station de pompage de Darfield, en Colombie-Britannique - ce qui représente environ 96 % du tracé.

ÉNERGIE SOLAIRE ET BIOGAZ

Durant sa tournée, cette semaine, M. Singh s'est rendu à Drummondville où il a visité les installations d'Aéronergie, entreprise du secteur de l'énergie solaire. Hier, il était dans la municipalité de Coteau-du-Lac, dans la circonscription de Salaberry-Suroît, où il a constaté de visu la fabrication de lumières pour les éoliennes par l'entreprise Technostrobe.

Plus tôt cette semaine, le chef du NPD s'est également rendu à Saint-Hyacinthe afin de visiter l'usine de biométhanisation qui a permis à cette ville de devenir l'une des premières en Amérique du Nord à produire du biogaz à partir des résidus organiques des citoyens et des entreprises agroalimentaires de la région. Le biogaz qui est ainsi produit, a rappelé M. Singh, est utilisé pour alimenter les véhicules et les édifices appartenant à la municipalité.

« Voilà un bel exemple de ce qu'on appelle de l'énergie circulaire. Et cela a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de près de 40 000 tonnes par année. C'est un avantage pour la ville et ça réduit les dépenses de la ville », a dit M. Singh.