Le gouvernement libéral n'a pas l'intention de ressusciter le controversé registre des armes d'épaule, a réitéré le premier ministre Justin Trudeau lundi, alors que les Canadiens ont du mal à digérer cette nouvelle fusillade meurtrière survenue à Fredericton la semaine dernière.

M. Trudeau, qui a passé la journée à visiter l'Île-du-Prince-Édouard dans le cadre d'une tournée des provinces de l'Atlantique, s'est retrouvé à répondre à d'autres questions sur le drame au Nouveau-Brunswick, notamment quant à savoir si Ottawa serait prêt à envisager des restrictions supplémentaires sur les armes à feu.

Les libéraux ont déjà présenté un projet de loi «sensé» sur les armes à feu, qui élargira les vérifications des antécédents et imposera des «limites raisonnables» au transport des armes, a fait valoir le premier ministre.

Le projet de loi C-71 exigera également que les détaillants conservent des registres d'inventaire et de vente pour des périodes plus longues.

Mais M. Trudeau a répété que son gouvernement ne ramènerait pas le controversé registre des armes d'épaule, un héritage du gouvernement de Jean Chrétien qui avait suscité les foudres des agriculteurs et des amateurs d'armes, même après avoir été abrogé par les conservateurs en 2012.

En point de presse après une assemblée publique à North Milton, lundi, le premier ministre a insisté pour dire que cela n'avait jamais fait partie des engagements de son gouvernement.

«De nombreuses discussions ont lieu sur les prochaines étapes à suivre. Nous écoutons les gens et discutons avec des experts sur ce que nous pouvons faire pour assurer la sécurité de nos communautés», a-t-il soutenu.

En fin de semaine, M. Trudeau était à Fredericton, où il a offert ses condoléances aux familles des victimes de la fusillade, qui a coûté la vie aux policiers Robb Costello et Sara Burns, ainsi qu'aux civils Bobbie Lee Wright et Donnie Robichaud.

M. Trudeau était accompagné de la nouvelle ministre des Aînés, Filomena Tassi, et de son fils cadet Hadrien.

«Je fais ce travail parce que j'ai des enfants», a-t-il déclaré lundi. «L'une des choses que j'ai apprises de mon père était que si je faisais ce travail et n'emmenais pas mes enfants avec moi de temps en temps, je ne les verrais pas assez.»

M. Trudeau s'est ensuite rendu à Charlottetown plus tard dans la journée pour visiter la foire agricole Old Home Week, avant de prononcer un discours dans le cadre de la fête des fraises.

Tout au long de l'après-midi, M. Trudeau s'est concentré sur son fils alors qu'ils parcouraient un parc d'attractions. Il a essayé plusieurs manèges avec Hadrien, tout en prenant des égoportraits avec les citoyens.

Optimisme et mélancolie

Lors de son allocution à la fête des fraises, M. Trudeau a invité la foule de plusieurs centaines de personnes à célébrer la diversité canadienne.

«S'il y a quelque chose que je sais chaque fois que je regarde une foule partout au Canada, c'est que les différents âges, les différents visages, les différentes origines sont des sources incroyables de force et de résilience pour notre communauté», a-t-il déclaré au Connaught Square.

«Ce sont des choses qui nous rendent forts. Nos différences sont toujours une source de force au Canada.»

L'optimisme manifesté par le premier ministre contrastait vivement avec la mélancolie qui règne depuis vendredi dans les Maritimes.

Robb Costello, âgé de 45 ans, travaillait dans la police depuis 20 ans, alors que Sara Burns, âgée de 43 ans, était policière depuis deux ans. Donnie Robichaud, âgé de 42 ans, avait commencé à fréquenter Bobbie Lee Wright, âgée de 32 ans, plus tôt ce mois-ci.

Dix enfants ont perdu un parent vendredi matin: Mme Burns était mariée et mère de trois enfants, M. Costello était père de quatre enfants et M. Robichaud avait deux fils adolescents et une fille plus âgée.

Matthew Vincent Raymond a été accusé de quatre meurtres prémédités et doit comparaître en cour le 27 août. Il a été blessé par balle par la police vendredi et demeurait hospitalisé. La police n'a pas révélé la gravité de ses blessures.

Deux enquêteurs de l'Équipe d'intervention en cas d'incident grave de la Nouvelle-Écosse, un organisme de surveillance de la police, ont été dépêchés à Fredericton vendredi pour enquêter sur l'implication de la police dans les blessures de M. Raymond.

La police n'a pas précisé si le suspect et les victimes se connaissaient et si elle était au courant des raisons qui pourraient avoir poussé l'accusé à commettre l'irréparable.

MM. Robichaud et Raymond résidaient tous deux dans le complexe d'appartements où les coups de feu ont été tirés, mais ils vivaient dans des bâtiments différents, a déclaré le propriétaire.