Après 10 mois à la tête du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh tentera finalement d'obtenir un siège à la Chambre des communes.

Il a annoncé mercredi après-midi qu'il se portait candidat pour l'élection partielle à venir dans la circonscription de Burnaby-Sud, en Colombie-Britannique.

«Je me présente parce que (Justin) Trudeau a trahi les gens sur la réforme électorale, alors que nous avons besoin que nos voix soient représentées dans notre gouvernement», a affirmé M. Singh.

Vêtu d'un complet trois pièces et d'un turban jaune qui rappelait les couleurs de son parti, le chef néo-démocrate a évoqué que c'était dans cette circonscription que le fondateur du NPD, Tommy Douglas, avait été élu pour la première fois sur la scène fédérale en 1962.

M. Singh était entouré de militants et de quatre députés du NPD de la région, dont Kennedy Stewart qui a annoncé sa démission pour se présenter à la mairie de Vancouver. Son siège sera vacant à compter du 14 septembre. Le premier ministre Trudeau aura ensuite six mois pour déclencher l'élection partielle.

Dans son discours, le chef néo-démocrate a insisté sur le besoin d'instaurer un programme national d'assurance-médicament, de régler la crise du logement qui sévit dans la province et de lutter contre les échappatoires fiscales.

Il a également critiqué l'achat de l'oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan par le gouvernement de Justin Trudeau. Un enjeu qui soulève les passions dans cette circonscription.

«Je me présente parce que nous n'avons pas besoin que notre gouvernement investisse des milliards de dollars en fonds publics dans un oléoduc de 65 ans qui fuit, a-t-il imagé. Nous avons besoin d'un gouvernement qui investit dans les énergies propres pour aujourd'hui et demain.»

Le gouvernement Trudeau a annoncé en mai qu'il achèterait cet oléoduc, qui va de l'Alberta à la Colombie-Britannique, au coût de 4,5 milliards $ pour s'assurer que la construction d'un pipeline jumeau aille de l'avant.

Un pari risqué?

«Ça va lui permettre de parler de l'enjeu qui le contraste le plus avec les libéraux, c'est-à-dire le pipeline, Burnaby étant l'endroit où ce pipeline aboutit et où un terminal (pétrolier) va être construit», a souligné l'ex-attaché de presse pour le NPD Farouk Karim.

Mais il s'agit d'un pari risqué puisque seulement 547 voix séparaient le député du NPD, Kennedy Stewart, de son rival libéral en 2015. Le chef néo-démocrate devra donc se retrousser les manches pour remporter Burnaby-Sud.

«C'est un risque intelligent qui peut rapporter beaucoup de dividendes», signale M. Karim.

M. Singh a assuré qu'il demeurerait chef du parti en cas de défaite. Une victoire lui permettrait toutefois de rehausser sa notoriété d'ici l'élection générale de 2019, en plus d'unifier le parti autour d'un objectif commun. Il s'agit également d'une circonscription multiethnique où le chef néo-démocrate, d'origine sikhe, pourrait marquer des points.

De quoi faire taire les insatisfactions qui s'étaient multipliées à son endroit au cours des derniers mois et qui avaient culminé avec la piètre performance du parti lors de l'élection partielle dans Chicoutimi-Le Fjord en juin.

Jagmeet Singh, qui a été député provincial en Ontario durant six ans, devra toutefois se faire connaître dans une nouvelle province.

Il a affirmé en conférence de presse qu'il comptait déménager en Colombie-Britannique avec son épouse s'il est élu et qu'il resterait dans Burnaby-Sud au-delà de l'élection générale de 2019.

Les libéraux ont déjà indiqué qu'ils comptent présenter un candidat lors de cette élection partielle. Le Parti libéral n'a pas tardé à souligner après l'annonce du chef néo-démocrate que sa base militante s'était élargie dans la province au cours des deux dernières années.

Outre Burnaby-Sud, quatre autres élections complémentaires sont à venir. Elles doivent se tenir dans Outremont, Saint-Léonard-Saint-Michel au Québec; Leeds-Grenville-Thousand Islands et Rideau Lakes et York-Simcoe en Ontario.