Après avoir malmené Michaëlle Jean au printemps, les conservateurs semblent adoucir leur position face à la candidature de la Canadienne, qui cherche à se faire réélire pour un second mandat à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

« Nous reconnaissons tous que le résultat idéal de la course à la direction d'octobre serait la réélection d'un Canadien ou d'une Canadienne au poste de secrétaire général », écrit le député conservateur Alupa Clarke dans une lettre à la ministre de la Francophonie, Mélanie Joly.

Il plaide toutefois qu'« une résolution doit être proposée immédiatement » pour faire en sorte que « l'organisation adopte des pratiques comptables transparentes et une reddition de compte afin de regagner la confiance de tous les membres de la Francophonie ».

Le député Clarke, qui a publié la missive datée du 25 juillet sur son compte Twitter, n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de La Presse canadienne. Au bureau de la ministre Joly, on n'a pas réagi directement à cet extrait de la lettre de l'élu conservateur.

La seule candidature canadienne à l'OIF est celle de Michaëlle Jean, qui s'est retrouvée dans le collimateur des conservateurs en mai dernier. L'opposition a sonné la charge après que le président français, Emmanuel Macron, eut jeté son dévolu sur une autre candidate.

Les élus conservateurs avaient vigoureusement reproché au gouvernement de Justin Trudeau de maintenir son appui à l'ex-gouverneure générale, pour qui l'ancien gouvernement de Stephen Harper avait énergiquement fait campagne en prévision de l'élection de 2014 à l'OIF.

« Michaëlle Jean est devenue un embarras pour le Canada. Elle a géré de façon tout à fait irresponsable son organisme [...] Comment se fait-il que le gouvernement libéral soit le seul à défendre l'indéfendable ? » avait balancé le député conservateur Gérard Deltell.

Son camarade Clarke avait argué que la candidate, que soutient aussi le gouvernement de Philippe Couillard à Québec, « a fait preuve d'une opacité totale » et que « d'autres scandales se produisent à l'heure actuelle ».

Au total, les conservateurs ont mitraillé le gouvernement de 12 questions réparties sur trois périodes de questions en Chambre, fin mai. Chaque fois, les libéraux ont affiché leur soutien à l'égard de Mme Jean, tout en disant souhaiter une « modernisation » des règles de gestion.

Le premier ministre, Justin Trudeau, a contacté plusieurs dirigeants de pays membres de l'OIF fin juin afin de mousser la candidature de l'ancienne journaliste née à Port-au-Prince, en Haïti, dont le mandat de quatre ans vient à échéance dans un peu moins de trois mois.

Son passage à la tête de l'organisation internationale a été entaché par des histoires de dépenses jugées douteuses publiées dans les médias de Québecor.

La seule rivale de Mme Jean est la ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo. Le président français s'est rangé dans son camp en mai dernier, et les dirigeants des pays de l'Union africaine qui participaient à un sommet en Mauritanie, en juillet, l'ont imité.

Les soutiens à Michaëlle Jean, eux, se comptent sur les doigts d'une main : jusqu'à présent, seuls Ottawa et Québec sont derrière elle. L'élection au poste de secrétaire général de l'OIF aura lieu lors du sommet qui se tiendra à Erevan, en Arménie, les 11 et 12 octobre.