Un rapport fédéral estime que le système de paie Phénix a déjà coûté plus d'un milliard de dollars aux contribuables - et le gouvernement pourrait y engouffrer encore 500 millions de dollars par année jusqu'à ce qu'il soit réparé.

La plus grande partie des dépenses futures sont décrites comme des coûts « imprévus » - elles n'incluent donc pas l'enveloppe de 120 millions déjà prévue par Ottawa pour remédier de façon urgente aux ratés du système.

Le rapport du contrôleur général du Canada, un instantané en date de mars 2018, indique qu'au mieux, il pourrait s'écouler cinq ans avant que le système de paie informatisé soit stabilisé.

La ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Carla Qualtrough, qui supervise tout ce dossier, s'attend à ce que les coûts réels baisseront graduellement au fil du temps, compte tenu des améliorations et des projets pilotes que le gouvernement met en oeuvre.

Selon la ministre, les chiffres contenus dans le rapport remontent déjà au mois de mars et déjà bien des choses ont changé depuis ce temps.

« Il y a tellement de choses qui bougent que j'hésite à dire que c'est le véritable coût et la véritable durée nécessaire parce que je crois qu'on va y arriver plus rapidement », a commenté Carla Qualtrough.

Depuis sa mise en place, en février 2016, le système Phénix a connu des ratés systématiques: des fonctionnaires ont été trop payés - et doivent rembourser -, alors que d'autres ont été sous-payés, et certains ont même été privés de paie. Depuis ce temps, l'arriéré de dossiers à résoudre demeure considérable.

Le précédent gouvernement conservateur estimait que le système Phénix permettrait de faire économiser 70 millions par année aux contribuables en ayant recours à moins de ressources humaines. Toutefois, la facture d'implantation du système s'élève déjà, en date du mois de mars 2018, à 1,1 milliard.

D'après le rapport fédéral, la facture a plus que triplé par rapport aux estimations de départ, alors qu'on prévoyait un investissement de 309,2 millions.

Dans un rapport dévastateur, le mois dernier, le Vérificateur général avait estimé que la gestion et la surveillance du projet Phénix avaient été un « échec incompréhensible », qui a conduit à la mise en oeuvre d'un système qui n'était pas prêt.

Dans une réplique à Michael Ferguson, lors d'une audience d'un comité des Communes, plus tôt ce mois-ci, le greffier du Conseil privé, Michael Wernick, a estimé que le vérificateur général avait fait des « généralisations simplificatrices » au sujet des fonctionnaires.

Le porte-parole conservateur dans le dossier, Tony Clement, dit avoir peu d'espoir que les libéraux puissent régler le problème à un coût inférieur à ce qui est inscrit dans le rapport.

« Malheureusement, c'est là où l'on se retrouve. On met des pansements sur un bateau qui prend l'eau et on espère que cela va au moins permettre d'alléger le fardeau qui pèse sur les employés de l'État », a-t-il commenté.

L'estimation des coûts n'inclut pas les compensations versées aux fonctionnaires ni les intérêts pour les retards de paiements auxquels s'attendent les syndicats.

Les fonctionnaires sont demeurés assidus au travail malgré les salaires impayés qui s'accumulent, mais cela pourrait changer. Plus de 140 000 employés vont entrer en négociations pour un nouveau contrat de travail cet automne.

« Ils sont mieux de nous arriver avec une offre qui démontre leur appréciation et leur compréhension du dévouement des membres qui se présentent au travail tous les jours sans savoir s'ils vont être payés », prévient le président de l'Alliance de la fonction publique du Canada Chris Aylward.