Justin Trudeau préfère ne pas tenter d'expliquer comment il a perdu, lundi, un comté gagné en 2015.

C'est le candidat conservateur Richard Martel que les électeurs de Chicoutimi-Le Fjord ont choisi pour remplacer le député libéral Denis Lemieux, parti en novembre pour s'occuper de sa famille.

À son arrivée à son bureau mardi matin, le premier ministre n'a pas voulu répondre au « pourquoi », préférant servir les félicitations d'usage au gagnant et les remerciements habituels à sa candidate défaite Lina Boivin.

« Évidemment, je veux remercier tous les électeurs, tous les candidats, notre candidate Lina Boivin qui a fait un excellent travail. Je veux féliciter Richard Martel aussi », a simplement offert M. Trudeau avant de tourner les talons, malgré l'insistance des journalistes amassés à quelques pas de sa porte.

Son ministre François-Philippe Champagne - qui a fait campagne pour cette élection partielle et qui mettait en garde les électeurs, le jour du vote - s'est montré plus conciliant, mardi matin.

« On ne parle pas de sport. On parle de défendre les intérêts des gens de la classe moyenne, les employés fédéraux. Parce qu'on sait (que) le seul parti qui a été vraiment clair... il y a un centre fiscal à Jonquière (...) des employés fédéraux, (que) nous, le parti libéral, le gouvernement Trudeau, on a toujours favorisés », disait le ministre lundi à son arrivée aux Communes, en enjoignant les Saguenéens à envoyer à Ottawa la candidate libérale.

« Les gens ont fait leur choix. Ce qui compte, c'est que nous, on est le gouvernement. On va continuer de travailler pour eux », a commenté M. Champagne, au lendemain du vote, avant de rejoindre la réunion du conseil des ministres.

Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, les députés conservateurs applaudissaient la victoire de leur recrue. « Félicitations à Richard Martel et toute l'équipe conservatrice pour cette éclatante victoire dans Chicoutimi-Le Fjord », a lancé Maxime Bernier sur son fil Twitter mardi matin.

Leçons à tirer ?

Le Bloc québécois et Québec debout refusent de voir dans le résultat de l'élection partielle une indication pour leur avenir.

Rhéal Fortin, d'abord, rappelle que les électeurs de Chicoutimi-Le Fjord ont, dans un passé récent, essayé tous les partis politiques. « On peut bien dire que c'est une course à deux. Moi, ce que je vois, c'est une course à la satisfaction, une course à qui va nous représenter comme du monde », a-t-il argué en mêlée de presse. M. Fortin veut donc y voir un message encourageant pour son parti naissant.

« Je pense que c'est très conjoncturel de la crise qu'il y a eu au Bloc québécois », a, quant à lui, analysé Mario Beaulieu. Selon lui, la candidate bloquiste a été victime des circonstances et ce scénario ne se répétera pas en 2019.

S'il a tenu à souligner que le résultat du scrutin témoignait d'un « effondrement du Bloc et du NPD », le député libéral Marc Miller a concédé que les chiffres montrent aussi que les libéraux n'ont pas « amélioré (leur) sort ».

« Je ne veux pas cacher que c'est une défaite. On voulait gagner, c'est clair », a-t-il soutenu mardi.

Invité à dire si l'incapacité de la candidate de Justin Trudeau à l'emporter dans cette élection complémentaire était symptomatique d'un problème plus généralisé pour la marque libérale, il a suggéré qu'il y avait peut-être un fossé entre les comtés ruraux et urbains.

« Je parcours mon comté au centre-ville de Montréal, la cote (libérale) est très haute, et donc, je ne vois pas ça personnellement. Il y a peut-être plus de travail à faire dans les régions à l'extérieur de Montréal... mais l'analyse, je ne l'ai pas faite encore », a dit M. Miller.

M. Martel, ancien entraîneur de l'équipe de hockey junior des Saguenéens de Chicoutimi, a obtenu 52,7 % des voix, devant la libérale Lina Boivin, qui a eu 29,5 % des voix.

Éric Dubois, du Nouveau Parti démocratique (NPD), loin derrière, n'a récolté que 8,7 % des voix, suivi par Catherine Bouchard-Tremblay, du Bloc québécois, à 5,6 %, puis de Lynda Youde, du Parti vert, à 3,1 %.

Un peu plus du tiers des électeurs inscrits, soit 36 %, ont exercé leur droit de vote.