Les conservateurs fédéraux s'emparent de Chicoutimi-Le Fjord. Après avoir vu les chefs défiler dans la région ces derniers jours, les électeurs ont fait le choix du candidat conservateur Richard Martel lors de l'élection partielle tenue lundi.

Aux élections générales de 2015, le Parti libéral l'avait emporté de justesse devant le Nouveau Parti démocratique (NPD), et le Parti conservateur était loin derrière au quatrième rang.

M. Martel, ancien entraîneur de l'équipe de hockey junior des Saguenéens de Chicoutimi, obtient 52,7% des voix, devant la libérale Lina Boivin, qui est créditée de 29,5% des voix.

Éric Dubois, du Nouveau Parti démocratique (NPD), est loin derrière les deux figures de tête, à 8,7% des voix, suivi par Catherine Bouchard-Tremblay, du Bloc québécois, à 5,6%. Lynda Youde, du Parti vert, obtient 3,1% des voix.

Élections Canada établissait le taux de participation à 36,1%, tard lundi soir.

«Il y a six mois, j'ai pris la décision de servir les gens d'ici, parce que c'est ça un bon député, et c'est ça que les citoyens de Chicoutimi-Le Fjord méritent», a déclaré M. Martel devant ses partisans à la suite de sa victoire.

«J'ai rencontré des gens merveilleux sur mon passage, des entrepreneurs déterminés, des organismes dévoués, des citoyens de tous les milieux que j'ai écoutés. Soyez pas inquiets, je vais livrer la marchandise», a-t-il ajouté.

Les libéraux échappent donc un siège, malgré un pourcentage des voix près de celui obtenu lors des élections générales de 2015.

La circonscription était vacante depuis la démission de l'ex-député libéral Denis Lemieux. Il en avait fait l'annonce en novembre en citant des raisons familiales.

M. Lemieux l'avait emporté en 2015 avec 31,1% des voix, contre 29,7% pour son adversaire néo-démocrate. Le Bloc québécois était arrivé en troisième position avec 20,5% des suffrages exprimés, suivi du Parti conservateur avec 16,6%.

Ce sont donc le NPD et le Bloc qui subissent des chutes d'appui considérables.

En 2015 dans Chicoutimi-Le Fjord, le NPD avait réussi à se hisser au deuxième rang derrière les libéraux.

Joint par téléphone peu après, M. Martel a reconnu que sa notoriété dans la région l'avait aidé.

«Possiblement, ça m'a aidé (...) J'ai négocié toute ma vie, j'ai argumenté toute ma vie, j'ai communiqué, j'ai travaillé avec des gens, et le hockey c'est un peu une »business« aussi, alors quand j'allais voir les PME, on se rejoignait énormément dans ce qu'on faisait. Bien sûr j'ai eu à faire avec les médias par le passé. Tout ça, ça m'a vraiment, vraiment aidé pour la politique», a-t-il soutenu en entrevue.

Questionné sur l'image du Parti conservateur au Québec, M. Martel a dit croire qu'elle «va de mieux en mieux».

«Et on le voit aujourd'hui, les candidats sont plus près des gens. Le Parti conservateur est à l'écoute des Québécois, justement M. Scheer a fait une tournée au Québec, et il est vraiment à l'écoute des gens. On a aussi une plateforme à construire en 2019, alors on veut bien prendre le temps de regarder comme il faut et de mettre les bonnes choses aux bonnes places», a-t-il fait valoir.

Le chef conservateur Andrew Scheer a fait campagne dans la circonscription la semaine dernière avec l'ancien chef du Bloc Michel Gauthier, qui a appelé les électeurs ayant eu l'habitude d'appuyer le parti souverainiste - présentement sans chef et en crise après des mois de luttes intestines - à se tourner vers les conservateurs.

M. Scheer a aussi endossé un certain nombre de politiques axées sur le Québec visant à plaire aux ex-indépendantistes et aux nationalistes - comme celle de permettre au Québec de recueillir l'impôt fédéral au nom d'Ottawa afin que les Québécois n'aient qu'une seule déclaration de revenus à remplir chaque année.

Aussi, M. Scheer a déjà dit qu'il accorderait au Québec plus de pouvoirs en matière de culture et d'immigration et a promis de s'attaquer à l'arrivée massive de demandeurs d'asile en situation irrégulière.

Le chef conservateur n'a toutefois pas fait mention de ces enjeux en saluant la victoire de M. Martel, lundi soir.

Par communiqué, M. Scheer a dit croire que M. Martel défendra «les intérêts de la région et (sera) une voix forte à Ottawa».

«Les Québécois et les Canadiens en ont assez de voir le premier ministre évoluer dans son monde de déficits élevés et de hausses de taxes et d'impôts. (...) Les conservateurs croient en des dépenses responsables et des réductions d'impôts afin de rendre la vie plus abordable pour tous les Canadiens. J'ai très hâte de travailler avec Richard pour continuer à transmettre notre vision positive conservatrice pour le Canada», a déclaré le chef conservateur.

PC

Richard Martel (à gauche) était accompagé du chef de son parti Andrew Scheer lors d'une visite à la fromagerie Boivin, à La Baie, la semaine dernière.