Les députés de toutes les allégeances ont uni leur voix à la Chambre des communes lundi pour dénoncer les invectives visant le premier ministre Justin Trudeau qui ont été lancées par président américain Donald Trump et certains de ses proches collaborateurs en fin de semaine à l'issue du Sommet du G7.

Le NPD a déposé une motion en ce sens aux Communes, tout de suite après la fin de la période des questions, et les élus l'ont endossée à l'unanimité.

Cette motion souligne l'importance des relations bilatérales entre le Canada et les États-Unis, mais elle critique l'imposition des tarifs douaniers américains sur les exportations canadiennes d'acier et d'aluminium.

La motion rejette aussi « les commentaires désobligeants ad hominem de la part des représentants américains qui servent mal les relations bilatérales et minent les efforts pour régler ce différend commercial ».

La motion, qui soutient aussi l'intention du gouvernement canadien d'imposer aussi des tarifs douaniers aux exportations d'acier, d'aluminium et une panoplie de produits en provenance des États-Unis en guise de représailles à compter du 1er juillet, a été parrainée par la député néo-démocrate Tracey Ramsey, qui représente la circonscription d'Essex, en Ontario, où l'industrie automobile occupe une place importante.

Cette motion a été adoptée en l'absence du premier ministre Justin Trudeau.

En fin de semaine, M. Trudeau  a eu doit non seulement à une diatribe de Donald Trump, mais il a aussi dû encaisser une salve d'attaques de la part de proches collaborateurs du président des États-Unis dimanche, plongeant les relations canado-américaines dans un froid glacial au moment où l'on évoque de plus en plus ouvertement une guerre commerciale entre les deux pays alliés.

Samedi, au dernier jour du Sommet du G7, le président américain a taxé le premier ministre de « malhonnête » et de « faible » parce que M. Trudeau a de nouveau affirmé en conférence de presse que les tarifs douaniers américains sur les exportations canadiennes d'acier et d'aluminium constituaient « une insulte » et que le Canada « ne se laisserait pas bousculer ».

Vingt-quatre heures plus tard, le principal conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow, a soutenu que Justin Trudeau avait carrément « poignardé dans le dos » la délégation américaine en tenant de tels propos, à la veille du sommet historique entre son patron et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, à Singapour, mardi.

« Il nous a vraiment poignardés dans le dos », a déclaré M. Kudlow à CNN, accusant le premier ministre de tenter d'affaiblir le président américain alors qu'il se prépare à rencontre le leader nord-coréen. « Kim ne doit pas voir aucune faiblesse américaine », a-t-il poursuivi, laissant aussi entendre que le premier ministre avait mis en péril les négociations visant à moderniser l'Accord de libre-échange nord-américain.

Également dimanche, mais sur les ondes de Fox News  le conseiller au commerce du président américain, Peter Navarro, a déversé davantage d'huile sur le feu. «Il y a une place spéciale en enfer pour tout dirigeant étranger qui fait preuve de mauvaise foi diplomatique avec le président Donald J. Trump et qui tente ensuite de le poignarder dans le dos alors qu'il se dirige vers la porte», a-t-il affirmé sur un ton hargneux.

M. Navarro a soutenu que le président avait fait une « faveur » à Justin Trudeau en se rendant au sommet du G7 alors que M. Trump avait « des choses plus importantes dans son assiette », en faisant allusion à sa rencontre avec Kim Jong-un.

« Il lui a fait une faveur. Et il était même prêt à signer ce communiqué socialiste, et qu'a fait Trudeau dès que l'avion du président a quitté l'espace aérien du Canada? Trudeau a frappé le président dans le dos », a encore dit M. Navarro.

À Bruxelles, l'Union européenne s'est également rangée hier derrière le premier ministre Justin Trudea. Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a déclaré que l'Union européenne (UE) «appuie sans réserve» la déclaration commune publiée samedi à la fin du sommet des leaders des sept puissances économiques (G7).

À Londres, la première ministre britannique, Theresa May, a pour sa part tenu à remercier M. Trudeau «pour son leadership et sa présidence habiles» d'autant plus qu'il a dû présider un «sommet difficile, avec parfois des discussions très franches».

Mme May a affirmé que les autres pays du G7 «avaient exprimé leur profonde déception face à la décision injustifiée des États-Unis d'appliquer des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium».