L'achat de l'oléoduc Trans Mountain pour 4,5 milliards par le gouvernement fédéral continue de soulever la colère des partis d'opposition.

Les néo-démocrates accusent les libéraux de manquer de cohérence et de trahir leur vote de la semaine dernière en faveur du projet de loi du député Romeo Saganash pour le respect de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Sans l'appui des libéraux, cette législation n'aurait pas pu être adoptée par la Chambre des communes.

M. Saganash a déposé une motion lundi pour demander aux libéraux de respecter leur vote en retirant leur appui au projet d'expansion de l'oléoduc qu'ils comptent mener malgré l'opposition de certaines nations autochtones.

«On ne peut pas choisir quand les peuples autochtones ont des droits et quand ils n'ont pas de droits», a expliqué son collègue Alexandre Boulerice dans le foyer de la Chambre des communes, alors que M. Saganash était en train de débattre en chambre.

«On est d'accord avec celles qui sont d'accord avec nous et on refuse d'écouter les nations qui, elles, se tiennent debout et ne veulent pas avoir ce projet-là dans leur cour?, a-t-il ajouté. Ce n'est pas ça qu'elle dit la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.»

Le premier ministre Justin Trudeau fait valoir depuis la semaine dernière que les communautés autochtones de la Colombie-Britannique et de l'Alberta sont divisées sur le projet d'oléoduc. Certaines l'appuient et d'autres non.

«Nous avons consulté plus que nous ne l'avons fait pour n'importe quel autre projet de développement des ressources naturelles dans l'histoire du pays et nous allons continuer de travailler avec ces nations», a indiqué pour sa part, la ministre des Services aux Autochtones, Jane Philpott.

Bonis controversés

Une prime de 1,5 million auquel auront chacun droit deux dirigeants de Kinder Morgan pour la vente de l'oléoduc au gouvernement a également fait bondir l'opposition. L'entreprise texane était propriétaire de ce pipeline jusqu'à l'offre d'achat du gouvernement. L'existence de ce boni a été révélée la semaine dernière par le National Observer.

Conservateurs et néo-démocrates ont dénoncé ces généreux bonis lors de la période des questions lundi, l'un accusant le gouvernement de gaspiller l'argent des contribuables et l'autre de permettre aux riches de s'enrichir.

«Est-ce que le premier ministre peut nous dire s'il savait que l'argent des Canadiens allait être utilisé de cette façon et pourquoi il trouve ça acceptable», a demandé le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer.

«Nous investissons pour protéger des milliers d'emplois en Alberta et dans tout le pays, a justifié le premier ministre Justin Trudeau. Nous ne pouvons pas commenter les décisions internes d'une négociation privée.»

Les néo-démocrates accusent également le gouvernement Trudeau de ne pas cesser les subventions à l'industrie des énergies fossiles comme il l'avait promis.

Les opposants à l'achat de l'oléoduc ne manquent pas une occasion de le rappeler aux élus libéraux.

De tout le cabinet, c'est la ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna, qui se retrouve dans la chaise la plus inconfortable.

«Nous avons dit que nous allons réduire les subventions pour les énergies fossiles d'ici 2025, a rappelé la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna. C'est sûr que nous sommes dans une transition. Les transitions sont difficiles.»