La députée libérale Celina Caesar-Chavannes taxe d'«ignorant» le commentaire émis par Maxime Bernier sur la couleur de sa peau.

Dans un message publié en anglais sur Twitter, samedi, l'élu de Beauce avait reproché à l'élue noire de penser que «le monde gravite autour de la couleur de (sa) peau».

La cible de cette attaque n'a pas voulu dire si elle considérait qu'il s'agissait de propos racistes, lundi, mais elle a affirmé qu'ils n'avaient «aucun sens» et que le gazouillis était «ignorant».

«Je ne crois pas que tout tourne autour de la couleur de ma peau», a soutenu Celina Caesar-Chavannes en mêlée de presse avant la période des questions en Chambre.

«Je pense qu'il existe des enjeux de nature raciale que nous devons régler, et qu'une personne comme Maxime Bernier ne puisse le réaliser relève de la sottise», a-t-elle ajouté.

La députée libérale ontarienne a dit vouloir laisser au chef conservateur Andrew Scheer le soin de déterminer si un rappel à l'ordre s'impose.

Mais Celina Caesar-Chavannes a promis qu'elle ne se laisserait pas réduire au silence.

«Je vais continuer à dénoncer (la discrimination) quand j'en verrai, et les gens n'aimeront pas cela. Et c'est correct», a-t-elle martelé.

La réalité «est qu'il existe des barrières significatives pour les groupes vulnérables dans notre société», et que cette réalité, les législateurs doivent en tenir compte, a-t-elle insisté.

Le député Maxime Bernier était à Ottawa, lundi, mais il ne souhaitait pas accorder d'entrevue, a-t-on indiqué à son bureau.

Son collègue Gérard Deltell ne croit pas qu'on puisse accoler l'étiquette de raciste au gazouillis de samedi.

«À mon point de vue, non», a-t-il répondu lorsque la question lui a été posée.

Leur camarade de caucus Erin O'Toole a invité les élus à discuter de ce genre d'enjeu dans un forum plus approprié.

«Les gens des deux côtés devraient pouvoir débattre s'ils ont des désaccords. Mais ne le faites pas juste sur Twitter. Faites-le à la Chambre des communes», a-t-il offert en mêlée de presse.

La ministre de la Condition féminine, Maryam Monsef, a quant à elle tenu à manifester son soutien à l'endroit de Mme Caesar-Chavannes.

«J'applaudis ma collègue, parce qu'elle se tient constamment debout pour défendre tous ceux qui n'ont pas de voix», a-t-elle mentionné.

Le fait qu'elle soit l'une des rares députées noires à la Chambre des communes «lui impose une grande responsabilité», a avancé Mme Monsef.

Au bureau du chef conservateur Andrew Scheer, la porte-parole Virginie Bonneau a signalé lundi qu'il n'y aurait «pas de réaction aujourd'hui».

Il n'y en avait pas eu dimanche non plus, lorsque La Presse Canadienne en avait sollicité une.

Le Beauceron réagissait à un article du Globe and Mail dans lequel l'auteure écrit que la libérale «se concentre moins sur les politiques et davantage sur les enjeux de nature personnelle».

Il a mis en exergue ce passage de l'article dans son gazouillis. Il est parti de cet extrait pour noter que son approche était fondamentalement différente de celle de la libérale.

Pas le premier accrochage

Ce n'est pas la première fois que les députés se livrent à une guerre de mots sur le réseau social.

Il y a eu prise de bec entre les deux en mars dernier après que le Beauceron eut critiqué la décision du gouvernement de mettre des sommes de côté au budget pour des programmes destinés aux Canadiens issus de minorités culturelles.

La députée Caesar-Chavannes lui avait conseillé «d'admettre son état de privilégié et de se taire». Elle lui a ensuite présenté ses excuses, reconnaissant avoir eu tort de lui avoir dit de se taire, et lui a proposé d'en discuter en personne - une invitation que Maxime Bernier avait déclinée.

Dans l'article du Globe and Mail, l'élue est revenue sur cet incident et a expliqué que le «privilège» de Maxime Bernier est qu'il ne saura jamais ce que représente le fait de «vivre avec la couleur».

«Alors tu restes assis là et tu dis que tu ne le vois pas. Eh bien tant mieux pour toi, parce que tu n'as jamais eu à le vivre, chéri», a-t-elle affirmé, selon le quotidien torontois.

Le député conservateur n'a pas apprécié le qualificatif employé par sa vis-à-vis libérale.

«En passant, je ne suis pas ton chéri», a-t-il écrit en conclusion de son gazouillis de samedi.