Le Parti conservateur estime qu'il faut utiliser les armes de défense létales que le Canada comptait envoyer aux peshmergas kurdes pour repousser les attaques du groupe armé État islamique - lesquelles sont toujours empilées dans un entrepôt de Montréal - afin de les mettre à la disposition de l'Ukraine, qui doit encore contrer des incursions russes sur son territoire.

Le Parti conservateur s'engage d'ailleurs à soutenir davantage le gouvernement de l'Ukraine s'il prend le pouvoir aux prochaines élections fédérales prévues en octobre 2019 en s'assurant que ces armes, évaluées à 10 millions de dollars, soient rapidement expédiées aux Forces armées ukrainiennes, a indiqué lundi le député James Bezan, critique en matière de défense de son parti.

Accompagné de ses collègues Erin O'Toole, critique conservateur en matière d'affaires étrangères, et du député de la région de Québec Gérard Deltell, M. Bezan a soutenu que l'on peut désormais exporter des armes à l'Ukraine à la suite de la décision du gouvernement Trudeau d'ajouter ce pays à la liste des pays désignés pour les armes automatiques en novembre dernier.

Récemment, les États-Unis ont d'envoyé des armes létales aux Forces armées ukrainiennes. Le Canada a pour sa part jusqu'ici limité sa contribution à du matériel militaire non létal d'une valeur totale de plus de 16 millions de dollars (tenues de camouflage, des bottes et des lunettes de vision nocturne, entre autres).

Toutefois, le Canada déploie aussi environ 200 soldats en Ukraine depuis 2015 afin d'aider à former les forces gouvernementales dans leur combat contre des séparatistes soutenus par la Russie dans l'est du pays.

Mais les députés conservateurs soutiennent qu'il faut en faire plus, et n'ont d'ailleurs pas manqué de critiquer le soutien timide, selon eux, que le gouvernement Trudeau a offert à l'Ukraine depuis son arrivée au pouvoir.

« Plus d'un an a passé depuis que Justin Trudeau a promis de fournir aux peshmergas kurdes de l'Irak des armes canadiennes. En raison de l'échec du premier ministre à faire preuve de leadership sur la scène mondiale, près de 10 millions de dollars d'armes dorment dans des entrepôts à Montréal et en Jordanie », a affirmé le député Bezan.

« Pendant ce temps, l'Ukraine a fait plusieurs demandes pour un soutien militaire additionnel du Canada. Au lieu de laisser du précieux matériel militaire dormir dans un entrepôt, un gouvernement conservateur dirigé par Andrew Scheer fournira ces armes aux Forces armées ukrainiennes, assurant que l'Ukraine peut défendre ses frontières, ses citoyens et sa souveraineté contre l'agression russe », a-t-il ajouté.

Le ministre de la Défense Harjit Sajjan a indiqué récemment au réseau CBC qu'il n'est plus nécessaire d'envoyer les armes qui sont toujours entreposées à Montréal et en Jordanie pour aider les peshmergas kurdes étant donné que les pays alliés qui ont des troupes dans cette région du globe ont réussi à repousser les combattants de l'EI dans leurs derniers retranchements. Ces armes pourraient toutefois être remises au gouvernement de l'Irak ou encore être mises à la disposition de l'OTAN pour ses missions de formation, a dit le ministre au réseau CBC.

Les risques d'escarmouche entre les peshmergas kurdes et l'armée irakienne, dans la foulée du référendum sur l'indépendance kurde l'an dernier, a contraint le gouvernement Trudeau à mettre sur la glace l'option d'envoyer des armes létales dans cette région.   

Le député Erin O'Toole a pour sa part indiqué que le Parti conservateur propose de nommer un envoyer spécial pour la région du Kurdistan afin d'avoir un meilleur aperçu de la situation dans la région et des besoins du gouvernement régional du Kurdistan.

« L'année dernière, le gouvernement régional du Kurdistan a demandé la nomination d'un envoyé spécial. C'est impératif pour assurer que la situation géopolitique tendue dans le nord de l'Irak ne sombre pas encore plus dans la violence. Un gouvernement conservateur répondra à cette demande et nommera un envoyé spécial pour le gouvernement régional du Kurdistan », a affirmé M. O'Toole.