Il y a de l'argent dans les coffres, des électeurs potentiels et, à plusieurs égards, un certain optimisme chez beaucoup de conservateurs par les temps qui courent.

Selon les observateurs, l'année qui a suivi l'élection d'Andrew Scheer à la tête du Parti conservateur n'a peut-être pas été remarquable, mais elle a été bénéfique pour la formation politique.

« Il a fait preuve de constance, affirme Tim Powers, un stratégiste conservateur et vice-président de Summa Strategies, une firme établie à Ottawa. Nous lui donnerions probablement un bon B ou B+. »

Carl Vallée, un ancien attaché de presse du gouvernement de Stephen Harper et un partenaire de Hatley, une société de conseils en stratégie montréalaise, estime aussi que le leader conservateur est « très, très constant ».

Andrew Scheer, un père de cinq enfants âgé de 39 ans, a passé la dernière année à façonner son image d'homme ordinaire en tout point opposé au premier ministre Justin Trudeau et à ses manières de millionnaire membre du jet-set.

Dans ses efforts pour construire son image publique, le chef conservateur a insisté sur le fait que, contrairement à M. Trudeau, qui a grandi avec un ou même deux petites cuillères en argent dans la bouche, il a été élevé dans une banlieue d'Ottawa au sein d'une famille de la classe moyenne qui ne possédait même pas de voiture.

Depuis que M. Scheer a été élu à la tête du parti, la machine à récolter de l'argent a recommencé à fonctionner à plein régime. En termes de contributions, les conservateurs viennent de connaître leurs deux meilleurs trimestres depuis les élections de 2015 et surpassent maintenant les libéraux sur le plan financier, par presque deux dollars pour un au cours des trois premiers mois de 2018.

Les sondages, bien que changeants et souvent difficiles à analyser en raison du temps relativement long qui les sépare actuellement du prochain scrutin, demeurent favorables au Parti conservateur, le donnant à égalité ou sur les talons du Parti libéral. Au pire, ces coups de sonde peuvent servir à requinquer le moral du caucus conservateur et l'aider à recruter des candidats.

« Il n'y a certainement aucune raison de paniquer pour le moment », commente M. Powers.

En tant qu'ancien président de la Chambre des communes, Andrew Scheer est probablement l'un des visages les plus connus au sein du milieu parlementaire à Ottawa, mais son nom n'est sans doute pas le premier qui vient à l'esprit de la plupart des gens lorsqu'on leur demande de nommer un politicien conservateur.

Selon M. Vallée, Maxime Bernier demeure le conservateur le plus célèbre au Québec. En Ontario et en Alberta, les leaders provinciaux Doug Ford et Jason Kenney reçoivent beaucoup plus d'attention de la part des médias.

Tim Powers croit que ce n'est pas un problème, surtout que MM. Ford et Kenney devront remporter des élections avant M. Scheer. Il croit que, pour ce dernier, la grande épreuve surviendra au mois d'août, lorsque le Parti conservateur du Canada tiendra son premier congrès national depuis l'arrivée d'Andrew Scheer à sa tête.

En attendant, cela n'empêche pas le chef conservateur de lancer des offensives pour séduire l'électorat, la plus récente s'étant déroulée au Québec. La deuxième province la plus populeuse du pays n'a pas été un terrain facile pour les conservateurs depuis l'époque où Brian Mulroney était premier ministre, mais Carl Vallée avance que la chute des appuis au Nouveau Parti démocratique et la débandade du Bloc québécois pourraient ouvrir la porte à une course entre Trudeau et Scheer en 2019.

Andrew Scheer a effectué ce printemps une tournée intitulée « à l'écoute des Québécois », complétée par le site web alecoutedesquebecois.ca, et a visité le Québec à plusieurs reprises en mai.

M. Vallée pense que les nationalistes québécois ont leur place au sein du Parti conservateur du Canada avec qui ils partagent de nombreuses valeurs, plus particulièrement par rapport à leur souci de préserver leur langue, leur patrimoine et leur histoire.