Les conservateurs se réunissent au Québec ce week-end en partie pour corriger un «problème d'image» qu'ils traînaient sous Stephen Harper - une image que les libéraux cherchent de plus en plus à faire coller aux troupes du chef Andrew Scheer.

«Les gens l'ont constaté; peut-être que l'entourage autour de l'ancien premier ministre, ça ne connectait pas nécessairement; il avait de la difficulté avec les médias, les relations», expose en entrevue le lieutenant politique du parti au Québec, Alain Rayes.

«On entend souvent les gens dire: il me semble que les gens ne sont pas nécessairement attirés par les idées du Parti conservateur du Canada (PCC). Nous, on pense que c'est le contraire. On avait un travail d'image à faire. On en est conscients», soutient-il.

La tenue d'un conseil général à Saint-Hyacinthe, samedi et dimanche, fait partie de cette stratégie de recalibrage, tout comme la présence du chef Scheer sur le plateau de Tout le monde en parle - son prédécesseur n'y a jamais mis les pieds pendant sa décennie au pouvoir.

«L'acceptation d'Andrew Scheer d'aller à l'émission, pour nous, c'était un message. C'est un changement de cap en termes d'approche face à la relation qu'on a avec les médias, avec la population», explique M. Rayes.

Le député conservateur parle d'un désir de mettre de l'avant un «conservatisme positif» et du souhait de ne «plus travailler sur les éléments qui nous divisent», mais bien «sur les éléments qui nous rassemblent».

Lorsqu'on lui souligne l'ironie de la chose, alors que la semaine politique à Ottawa a été marquée par le cri de son collègue Ted Falk pour qui l'avortement «n'est pas un droit», il condamne rapidement le geste «malheureux», rappelant que son chef a promis de ne pas rouvrir ce débat.

Le cri a ragaillardi les troupes libérales, fournissant une munition additionnelle aux élus et à leur chef, Justin Trudeau, qui taxent de plus en plus fréquemment leurs adversaires de «conservateurs de Harper» en Chambre.

Pourquoi brandir ainsi le spectre de l'ancien premier ministre? «On voit encore les mêmes attitudes que les Canadiens ont rejetées en 2015, et donc, il faut combattre ces attitudes encore», fait valoir le député David Lametti.

«Dans les questions, dans les commentaires (en Chambre), il n'y a aucune reconnaissance qu'il y a un problème avec les gaz à effet de serre, aucune reconnaissance des droits des femmes... c'est les mêmes attitudes, la même gang», argue-t-il.

La bloquiste Marilène Gill fait la même analyse: «C'est un changement dans la forme, mais pas un changement de fond. On essaie peut-être de nous faire croire que M. Scheer n'est pas M. Harper (...) mais ils ont exactement les mêmes volontés, les mêmes objectifs, les mêmes priorités».

Mais ce week-end, l'image que les conservateurs du Québec veulent projeter à Saint-Hyacinthe est celle d'une formation prête à détrôner les libéraux de Justin Trudeau. Et pour Alain Rayes, le premier ministre n'est plus le chef indélogeable qu'il était il y a encore quelques mois.

Les astres politiques sont d'autant plus alignés que la donne a changé au Québec.

Les bloquistes, qui avaient fait élire 10 députés en 2015, sont en déroute, et au Nouveau Parti démocratique (NPD), où l'on avait remporté 16 sièges au dernier scrutin, l'élection du nouveau chef Jagmeet Singh n'a pas fait bouger l'aiguille dans les sondages.

Au Parti conservateur, on espère en profiter et gagner encore plus de sièges que les 12 raflés aux dernières élections. Le cahier du conseil général intitulé «Une alternative sérieuse pour le Québec» compte des résolutions élaborées pour courtiser les électeurs en prévision du scrutin d'octobre 2019.