L'afflux de migrants qui se présentent à la frontière canadienne est « intenable », estime Christine St-Pierre, qui presse le gouvernement fédéral d'agir auprès de Washington.

« Il faut qu'Ottawa ait des discussions très sérieuses avec nos partenaires américains. C'est une situation qui n'ira pas en s'améliorant », a affirmé mercredi la ministre des Relations internationales du Québec.

« Le fédéral doit avoir des discussions avec le gouvernement américain pour voir comment on peut faire en sorte que cette situation soit plus tenable, parce que ça devient intenable », a ajouté Mme St-Pierre, affirmant que le Québec a une « capacité limitée » d'accueillir des migrants.

Pourparlers entre le Canada et les États-Unis 

Le gouvernement américain a confirmé mardi avoir reçu une proposition du Canada afin de modifier l'Entente sur les tiers pays sûrs. Selon Reuters, le gouvernement Trudeau souhaiterait potentiellement refouler aux États-Unis les demandeurs d'asile qui se présentent au Canada, peu importe où ils arrivent sur la frontière canadienne.

L'entente actuelle, en vigueur depuis 2004, fait en sorte qu'Ottawa refuse l'entrée au pays de la plupart des demandeurs d'asile qui se présentent à un poste frontalier, puisqu'ils arrivent d'un pays sûr. En entrant au Canada de façon irrégulière, en empruntant par exemple le chemin Roxham, au Québec, les migrants peuvent rester au Canada le temps que leur demande soit traitée par les autorités fédérales.


Selon Reuters, Ottawa discute depuis septembre dernier avec le département américain de la Sécurité intérieure pour modifier l'Entente sur les tiers pays sûrs. Une porte-parole de ce département a confirmé mardi à La Presse que les États-Unis évaluaient « la proposition faite par le Canada ». 

Mais pour Jean-Marc Fournier, ministre des Relations canadiennes à Québec, « si le délai d'analyse des dossiers était respecté, il n'y aurait aucun problème d'accumulation, puisqu'on sait déjà qu'au moins la moitié [des migrants], peut-être plus, sont retournés parce qu'ils ne satisfont pas aux critères. » 

« Si on respectait la loi fédérale avec le délai de 60 jours, ça réglerait le problème », a-t-il ajouté. 

Ottawa peut suspendre l'entente, estime le PQ

Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, estime pour sa part qu'Ottawa n'a pas à négocier avec Washington, puisque le Canada peut suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs en invoquant son article 10.


En suspendant l'Entente, a-t-il dit, les migrants se présenteraient directement à un poste frontalier pour demander l'asile, ils seraient admis au Canada le temps que leur dossier soit traité et cela leur permettrait de traverser la frontière n'importe où au pays, sans nécessairement emprunter le chemin Roxham, au Québec.

À la Coalition avenir Québec (CAQ), le député Jean-François Roberge a affirmé que « le statu quo n'est pas tenable » et qu'il faut « s'assurer de sécuriser l'ensemble de notre frontière. »

« Si on suspend l'entente [comme le propose le PQ] (...), les migrants, plutôt que de passer par le chemin Roxham, [passeront] par les postes frontaliers (...). Le problème, ce n'est pas tellement l'endroit où ils passent, c'est l'afflux incontrôlé de personnes qui arrivent ici », a dit M. Roberge.

Après sa mêlée de presse, l'attaché de presse de la CAQ, Ewan Sauves, a expliqué à La Presse que la position de son parti était qu'Ottawa devait renégocier l'Entente sur les tiers pays sûrs afin qu'elle soit appliquée sur l'ensemble de la frontière. Cela aurait pour effet de refouler les migrants aux États-Unis le temps que le Canada traite leur dossier.

En attendant, le gouvernement fédéral devrait répartir les demandeurs d'asile entre les provinces en fonction du poids démographique qu'elles représentent, a dit M. Sauves.