Les sept députés démissionnaires du Bloc québécois ont confirmé mardi matin la rupture définitive de tous leurs liens avec le parti séparatiste.

Ils ont annoncé du même coup leur intention de « travailler à la conception d'une nouvelle offre politique fédérale ». Les élus lanceront sous peu une tournée à l'échelle du Québec pour expliquer leur nouvelle proposition aux électeurs de la province.

Leur nouveau parti, qui ne porte pas encore de nom officiel, restera indépendantiste.

« Dans l'état actuel des choses, le Bloc est désincarné, il n'existe plus », a avancé en conférence de presse Louis Plamondon, l'un des cofondateurs du Bloc québécois.

Du découragement à l'excitation

S'il était apparu fortement secoué au début de la crise qui ébranle le Bloc, à la fin février, Louis Plamondon s'est dit « excité » par le lancement d'une toute nouvelle formation politique.

Le député a aussi qualifié de « disgracieux » les commentaires de la chef du Bloc, Martine Ouellet, pendant le conseil général du parti qui se tenait le week-end dernier.

Mme Ouellet a notamment accusé certains journalistes de faire des « fake news » à l'endroit de son parti. Elle a par ailleurs réussi à faire entériner sa proposition de consultation référendaire, qui lui permettra de rester à la tête du Bloc québécois si 50 % +1 des membres votent en sa faveur.

« Appel à tous »

Mario Beaulieu, qui était resté fidèle à Martine Ouellet jusqu'à tout récemment, a retiré son appui à la chef au cours des derniers jours. Il n'était pas présent à la conférence de presse des sept députés démissionnaires au Parlement.

Gabriel Ste-Marie, l'un des sept démissionnaires, a toutefois indiqué que le nouveau parti indépendantiste serait prêt à accueillir M. Beaulieu dans ses rangs. 

« Aujourd'hui, on lance un appel, a-t-il indiqué. Tous ceux qui veulent travailler avec nous, qu'ils viennent travailler avec nous. »

Le Québec mal défendu

Dans la déclaration qu'ils ont lu aux médias mardi matin, les sept députés du Groupe parlementaire québécois -le nom temporaire de leur parti- ont réitéré que « le Québec est mal défendu à Ottawa ».

Ils estiment que les intérêts du Québec sont « sacrifiés », et que même si « la nation québécoise ne se fera pas à Ottawa », elle doit être « défendue » dans la capitale fédérale tous les jours.

Pas un procès

Les députés de la nouvelle formation ont indiqué ne pas vouloir « faire le procès » de Martine Ouellet, au coeur de la tourmente depuis des mois.

Luc Thériault a simplement rappelé que lui et ses collègues avaient « essayé de bien des façons d'en arriver à une entente » avec la chef du Bloc, mais qu'aucune méthode n'avait porté fruit.

Martine Ouellet se retrouve aujourd'hui de plus en plus isolée. 

En plus d'avoir perdu l'appui du député et président du Bloc, Mario Beaulieu, la vice-présidente Kédina Fleury-Samson a elle aussi confirmé sa démission lundi au Devoir.

Deux députés restants

Seuls deux députés font encore partie du Bloc : Xavier Barsalou-Duval et Marilène Gill. Ils n'ont pas répondu aux demandes d'entrevue de La Presse, mardi matin.

Martine Ouellet n'est quant à elle pas élue au Parlement d'Ottawa, mais plutôt à l'Assemblée nationale du Québec. Elle dit pratiquer le « transparlementarisme » entre les deux capitales.

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a pour sa part confirmé qu'il était toujours membre du Bloc québécois, mais qu'il n'avait toujours pas décidé s'il voterait ou non lors de la consultation référendaire que propose Martine Ouellet sur son leadership. 

- Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse