Le contrôle des armes pourrait se révéler un enjeu clé des élections fédérales l'an prochain.

Dix-huit mois avant le scrutin, tant le parti au pouvoir que l'opposition officielle établissent les bases d'un enjeu polarisant pour tenter de gruger une partie plus volatile des principaux appuis du parti rival.

Justin Trudeau a tiré la première salve avec le projet de loi C-71, le récent effort de son gouvernement libéral pour resserrer la loi sur les armes à feu au Canada, incluant notamment des vérifications d'antécédents plus poussées pour l'obtention d'un permis d'arme à feu et une consignation de relevés obligatoire pour les vendeurs.

Pour des conservateurs et des militants des armes, cela rétablit beaucoup trop d'éléments associés au registre des armes d'épaule - une création du gouvernement libéral de Jean Chrétien qui serait responsable de la perte de plusieurs sièges de députés libéraux, particulièrement dans des secteurs ruraux. Le registre a été aboli par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Les libéraux espèrent inverser les rôles avec une contre-offensive vigoureuse. Ils accusent les conservateurs d'être des porte-parole du lobby des armes et s'accrochent à la plateforme de campagne à la direction d'Andrew Scheer, ayant été effacée de son site internet dès qu'il a pris les rênes du parti en mai dernier.

Dans un courriel d'une campagne de financement le mois dernier, le Parti libéral fustige les conservateurs pour s'être opposé aux mesures de « bon sens » du gouvernement, tout en soulignant que la plateforme de M. Scheer incluait des promesses d'accroître la latitude pour la promotion commerciale des armes à feu et de réduire la bureaucratie pour les achats d'armes.

« Ils prennent des ordres de la NRA au Canada », soutient le courriel, faisant référence au puissant et controversé lobby aux États-Unis, la National Rifle Association.

Dans la même optique, la députée libérale fédérale d'Ottawa-Vanier Mona Fortier a demandé la semaine dernière au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique d'enquêter sur la députée conservatrice Michelle Rempel relativement à des cadeaux d'anniversaire de la part de Tracey Wilson, une lobbyiste enregistrée pour la Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu.

Le commissaire Mario Dion a indiqué qu'il effectuerait une enquête préliminaire afin de déterminer si une enquête approfondie est nécessaire.

La plainte de Mme Fortier a attiré l'attention sur une vidéo de Mme Rempel, publiée d'abord par la lobbyiste Tracey Wilson sur Facebook avant d'être retirée.

« Yay - oh, je suis si excitée. J'en ai besoin d'un », dit la députée conservatrice de Calgary Nose Hill dans la vidéo au moment où elle admire l'étui à pistolet.

Le contrôle des armes à feu est un enjeu polarisant, mais cela est vrai dans les deux camps.

Le porte-parole conservateur en matière de sécurité publique Glen Motz a dit y voir une tactique purement défensive, un signe que les libéraux craignent que le projet de loi C-71 nuise aux députés de la formation dans les secteurs ruraux.

« Vous devriez savoir que chaque fois que les libéraux lancent ce genre d'absurdités, ils tentent de faire diversion du véritable enjeu qui est celui que la législation sur les armes est ni plus ni moins une loi punitive contre les propriétaires d'armes canadiens respectueux des lois », a soutenu M. Motz.