Alors que les critiques fusaient hier au parlement sur le degré réel de féminisme du gouvernement Trudeau, le Conseil consultatif sur l'égalité des sexes pour la présidence canadienne du G7 tenait sa première rencontre officielle à quelques coins de rue de là. Son objectif : préparer le terrain en vue du sommet de juin prochain dans Charlevoix, et créer un « précédent » pour la suite des choses.

« L'égalité des sexes, c'est l'une des cinq priorités [du G7], mais on a voulu pousser encore plus loin et s'assurer que ce sujet soit discuté dans toutes les réunions ministérielles et pas seulement au G7 à Charlevoix », a expliqué à La Presse Isabelle Hudon, ambassadrice du Canada en France et coprésidente du Conseil avec la philanthrope américaine Melinda Gates.

Le conseil consultatif présentera une série de recommandations à Justin Trudeau avant la tenue du sommet de juin, et déposera un rapport plus étoffé d'ici la fin de l'année, a indiqué l'ex-femme d'affaires.

DES GESTES CONCRETS

Parmi les recommandations qui risquent de se retrouver dans le rapport final, le Conseil proposera des mesures pour augmenter la proportion de femmes aux tables de négociation des accords de paix. « On voit, avec données à l'appui, que quand des femmes sont à la table de négociation de traités de paix, ces traités-là ont beaucoup plus de chances de durer plus longtemps dans le temps », a affirmé l'ambassadrice.

Or, il faut poser des gestes concrets, dès les plus bas échelons, pour que davantage de femmes puissent acquérir une expérience sur le terrain qui les entraînera éventuellement jusqu'à une telle table de négociation.

« Ça veut par exemple dire qu'il doit y avoir plus d'efforts de recrutement de femmes dans les forces armées. » - Isabelle Hudon

Isabelle Hudon et Melinda Gates ont rencontré Justin Trudeau hier matin dans un hôtel à quelques pas du parlement pour lui faire part de l'avancement de leurs travaux. Le premier ministre a ensuite prononcé une allocution pendant l'événement. Il dit souhaiter que l'orientation égalitaire du G7 de 2018 serve de « précédent » pour les années à venir.

ÉGALITÉ À L'AMBASSADE

En poste depuis six mois à Paris, Isabelle Hudon se dit ravie par l'équipe « drôlement expérimentée » de 200 employés qu'elle a trouvée à l'ambassade. Plusieurs femmes y occupaient des postes de direction, note-t-elle avec satisfaction.

L'ancienne chef de la direction de la Financière Sun Life Québec dit continuer à prôner les mêmes pratiques égalitaires qu'à l'époque récente où elle travaillait dans le secteur privé. « Je pose des gestes simples, mais qui ont un impact, avance-t-elle. Par exemple, je n'accepte jamais qu'une femme s'assoie dans la deuxième rangée derrière une table de conférence. S'il n'y a plus de chaises à la table, qu'on en apporte d'autres. »

Isabelle Hudon semble d'ailleurs apprécier à fond ses nouvelles fonctions. L'une des priorités de son mandat est de faire la promotion de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, récemment ratifié, qui fait l'objet de beaucoup de résistance des deux côtés de l'Atlantique.

La Québécoise dit adorer sa nouvelle vie parisienne, elle qui a redécouvert une France « quelque peu transformée » après y avoir vécu sans trop d'agrément dans les années 90. Les médias français ont réservé un accueil enthousiaste à la nouvelle diplomate. Elle a fait l'objet de plusieurs longs portraits dans des publications prestigieuses comme Les Échos et Le Figaro.

Photo Justin Tang, La presse canadienne

Isabelle Hudon, ambassadrice du Canada en France et coprésidente du Conseil consultatif sur l'égalité des sexes pour la présidence canadienne du G7