À quelque 18 mois des prochaines élections fédérales, le gouvernement Trudeau entend piger dans la cour des provinces afin de pourvoir le poste de directeur général d'Élections Canada, vacant depuis décembre 2016.

En effet, tout indique que le premier ministre Justin Trudeau compte nommer l'actuel directeur général des élections de la Saskatchewan, Michael Boda, à ce poste névralgique pour la santé de la démocratie canadienne. C'est du moins ce qu'il a fait savoir aux partis de l'opposition dans une lettre qu'il leur a fait parvenir mercredi matin, ont confirmé des sources à La Presse.

La nomination de M. Boda, qui a une feuille de route bien remplie et qui s'exprime dans les deux langues officielles, selon les compétences qu'il a lui-même inscrites sur son compte Linkedin, doit être avalisée par un vote à la Chambre des communes et au Sénat, étant l'un des neuf agents du Parlement.

Natif de Régina, en Saskatchewan, M. Boda occupe les fonctions de directeur général des élections de cette province depuis 2012. Auparavant, il a prodigué des conseils à plusieurs organisations nationales et internationales relativement à la gouvernance, l'organisation d'élections et les réformes électorales. Il a notamment travaillé à titre de consultant en Écosse, au Ghana, au Pakistan et en Jordanie et a oeuvré à la International Foundation for Electoral Systems, qui a pignon sur rue à Arlington, en Virginie.

Le bureau de la ministre des Institutions démocratiques, Karina Gould, n'a pas voulu confirmer jeudi que le gouvernement Trudeau a jeté son dévolu sur M. Boda, même si les partis de l'opposition ont indiqué avoir reçu une lettre en ce sens plus tôt cette semaine.

« Élections Canada joue un rôle essentiel dans l'administration de nos élections fédérales. Nous travaillons activement à la nomination d'un nouveau directeur général des élections et nous consultons les partis de l'opposition avant la nomination d'un nouveau directeur général. Nous avons hâte d'accueillir bientôt un nouveau directeur général des élections », a indiqué Nicky Cayer, porte-parole de la ministre Gould, dans un courriel à La Presse.

Interrogée à savoir si Michael Boda maîtrisait bien la langue de Molière, Mme Cayer s'est limitée à dire que toute personne nommée au poste de directeur général des élections doit être en mesure de parler et de comprendre clairement les deux langues officielles au moment de sa nomination, tel que le dicte la Loi sur les compétences linguistiques.

Le NPD a dénoncé l'absence de consultation du gouvernement Trudeau avant d'annoncer son choix dans une lettre mercredi matin. Étant donné qu'il s'agit d'un agent du Parlement, le gouvernement a l'obligation de consulter les autres partis avant de pourvoir le poste.

« Il n'y a eu aucune consultation, comme ce fut le cas lorsque le gouvernement a nommé le nouveau conseiller à l'éthique. C'est pourtant une obligation écrite dans la loi », a pesté le député néo-démocrate Nathan Cullen. « Le gouvernement libéral nous annonce son choix dans une lettre et il prétend que c'est une consultation. Ce n'est pas une consultation en ce qui nous concerne », a-t-il ajouté.

Le Parti conservateur n'a pas voulu commenter la possible nomination de Michael Boda jeudi.