Le premier ministre Justin Trudeau a fait référence à une campagne de désinformation contre la ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, mercredi, pour préciser en quoi la Russie aurait tenté d'interférer dans le système démocratique canadien.

Cette idée que Moscou se soit ingérée dans la politique canadienne a été soulevée la semaine dernière au moment où Affaires mondiales Canada a annoncé qu'il procédait à l'expulsion de quatre diplomates russes identifiés comme «des agents du renseignement ou des personnes qui ont utilisé leur statut diplomatique pour compromettre la sécurité du Canada ou s'immiscer dans sa démocratie».

Alors que cette réaction faisait partie d'une action concertée des alliés du Royaume-Uni pour punir le Kremlin soupçonné d'être impliqué dans l'empoisonnement d'un ex-espion russe et de sa fille à Salisbury, cette référence à un complot contre le Canada a soulevé des questions afin d'obtenir plus de précisions.

Justin Trudeau a refusé d'approfondir ses commentaires lors d'une conférence de presse sur la colline parlementaire, mercredi. Il a plutôt accusé la «propagande russe» de chercher à discréditer la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland.

Des sites web pro-Russie ont ciblé à répétition Mme Freeland et sa famille. La ministre est l'une des critiques les plus sévères envers Moscou. Parmi les allégations répandues sur ces sites, on raconte que le grand-père de la ministre, qui est né en Ukraine, aurait aidé les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale.

Le premier ministre a soutenu que la propagande russe utilise tous les moyens possibles à travers les médias sociaux pour répandre des calomnies au sujet de la ministre des Affaires étrangères.

«La réponse du Canada évidemment n'est pas liée à ça, elle est tout à fait liée à notre solidarité avec nos alliés par rapport à l'attaque à Salisbury, mais c'est un autre exemple parmi tellement des efforts de la Russie de déstabiliser et de jouer dans l'opinion publique des pays développés», a commenté Justin Trudeau.

Ces déclarations de M. Trudeau faisaient suite à un entretien avec le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, qui a lui aussi tenu des propos sévères au sujet de la Russie. Il croit qu'elle «sous-estime la détermination et l'unité de l'OTAN».

Jens Stoltenberg a salué la volonté du gouvernement canadien d'augmenter son effectif militaire au cours des deux prochaines décennies, comme l'ont promis les libéraux l'an dernier.

Le secrétaire général dit aussi s'attendre à ce que tous les membres de l'Alliance atlantique consacrent à leur budget de la défense l'équivalent de deux pour cent de leur produit intérieur brut - un objectif qui ne sera pas atteint dans un avenir prévisible, si l'on se fie à la Politique de défense du Canada dévoilée en juin 2017 par le gouvernement libéral de Justin Trudeau.

Le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) s'est confié à La Presse canadienne mercredi après avoir rencontré des députés, des experts et des représentants de l'industrie militaire, sur la colline du Parlement à Ottawa. Le premier ministre Trudeau a aussi rencontré plus tard M. Stoltenberg en privé.

La visite de M. Stoltenberg à Ottawa survient alors que la Russie a procédé, mercredi, à plusieurs essais de tirs de missiles en mer Baltique, ce qui a forcé la Lettonie à fermer une partie de son espace aérien.

Le Canada a déployé 450 militaires en Lettonie et dirige le contingent de l'OTAN qui comprend des soldats d'une demi-douzaine de pays. M. Stoltenberg a estimé mercredi que ces essais russes ne font peser aucune menace directe sur les Canadiens ou leurs alliés, mais illustrent l'importance d'une présence forte de l'OTAN en Lettonie - et de manière plus générale en Europe de l'Est.

M. Trudeau a par ailleurs annoncé que le Canada lance une campagne médiatique, intitulée «Nous sommes l'OTAN», comme l'ont fait ses alliés au cours de la dernière année. «Cette nouvelle initiative a pour but de montrer aux Canadiens ce que fait le Canada pour l'Alliance, et ce que fait l'OTAN pour la sécurité de notre pays», a indiqué le premier ministre.

Plus tôt dans la journée, Chrystia Freeland a affirmé devant un public à Winnipeg que la prochaine rencontre des ministres des Affaires étrangères du G7 à Toronto serait consacrée à envoyer un message fort de désapprobation envers les récentes actions posées par la Russie.

L'annexion de la Crimée et l'attaque envers un ex-espion réfugié au Royaume-Uni, pour laquelle Moscou est fortement soupçonnée, font partie des actions dénoncées par le G7.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland