L'ancien premier ministre péquiste Bernard Landry donne son appui à la chef bloquiste Martine Ouellet dans la crise qui secoue actuellement le parti. Et il trouve qu'un éventuel appui de 50% des voix, de la part des membres du Bloc québécois, serait suffisant pour qu'elle demeure en poste.

«Dans les circonstances, oui», ce serait suffisant, a-t-il répondu, lors d'une entrevue avec La Presse canadienne, mercredi.

M. Landry juge suffisant ce seuil d'appui de 50% des voix plus une pour Mme Ouellet - ce qui peut paraître surprenant, puisque lui-même avait démissionné du Parti québécois, en 2005, parce qu'il était trop déçu de l'appui de 76% qu'il venait de recevoir.

Interrogé à ce sujet, M. Landry a estimé qu'on ne pouvait comparer les deux situations et les deux chefs.

«Les circonstances sont différentes; ce n'est pas la même chose. Moi, quand j'étais là, il y avait eu des discussions, des critiques - ce qui est tout à fait normal, d'ailleurs, je n'avais rien contre ça - mais il faut prendre les chiffres suivant les circonstances», a-t-il objecté.

Quand on lui a rappelé que lui aussi, à l'époque, avait été l'objet de critiques, il a rétorqué: «ce n'est pas la même atmosphère que ce qu'on retrouve actuellement dans le dossier que doit affronter Martine».

Appui à une bonne pédagogue

Néanmoins, il lui accorde aujourd'hui publiquement son appui.

«Ça a été une période turbulente pour elle. Elle s'en est tirée très bien. Elle a été solide sur ses convictions quant à la raison d'existence du Bloc et du Parti québécois: l'indépendance. Elle est très motivée pour cette question; elle l'explique bien. Elle est bonne pédagogue. Et elle est capable de résister - ce qui est utile, en politique, des fois - à des vents difficiles», a-t-il résumé.

Mais M. Landry s'abstient pour autant de critiquer les sept députés démissionnaires du Bloc, bien qu'ils aient ouvertement remis en question le leadership de Mme Ouellet. Ils ont d'ailleurs formé, depuis, le Groupe parlementaire québécois.

Du respect pour les 7

«Ce sont des gens honnêtes et j'ai du respect pour eux. Et je les connais depuis longtemps. Quand on est dans un parti indépendantiste, on ne doit pas agir par ambition personnelle. J'espère donc qu'ils ont agi profondément motivés par la cause», a-t-il conclu.

Les sept du Groupe parlementaire québécois sont Michel Boudrias, député de Terrebonne; Rhéal Fortin, député de Rivière-du-Nord; Simon Marcil, député de Mirabel; Monique Pauzé, députée de Repentigny; Louis Plamondon, député de Bécancour-Nicolet-Saurel; Gabriel Ste-Marie, député de Joliette; et Luc Thériault, député de Montcalm.

Les quelque 20 000 membres du Bloc québécois devraient être invités à se prononcer, les 1er et 2 juin, sur deux questions.

La première porte sur le leadership de Mme Ouellet: «Acceptez-vous de renouveler votre confiance envers Martine Ouellet, chef du Bloc québécois».

La seconde porte sur la mission du parti: «Le Bloc québécois doit-il être, dans ses actions quotidiennes, et non pas seulement en théorie, le promoteur de l'option indépendantiste en utilisant chaque tribune et chaque occasion pour démontrer la nécessité de l'indépendance du Québec tant avec les militants, les citoyens qu'avec les médias et au Parlement d'Ottawa d'ici l'indépendance, tel qu'indiqué à l'article 1 du programme du Bloc québécois?»

Seuls ceux qui étaient déjà membres du parti, le 24 mars, auront droit de vote. Ces modalités devront d'abord être entérinées par les délégués du conseil général du Bloc, qui aura lieu le 29 avril.