Le Nouveau Parti démocratique (NPD) entend exercer de nouvelles pressions pour que le pape François vienne au Canada afin de présenter des excuses officielles pour le rôle qu'a joué l'Église catholique dans les abus « odieux » qui sont survenus dans les pensionnats autochtones pendant plusieurs décennies.

Le NPD a confirmé qu'il va déposer une motion à la Chambre des communes, à la reprise des travaux parlementaires le 16 avril, exhortant la Conférence des évêques catholiques du Canada à inviter le pape François au Canada pour qu'il présente de telles excuses aux survivants et aux familles des victimes de sévices subis aux mains des membres du clergé alors qu'ils séjournaient dans les pensionnats.

Le député néo-démocrate d'Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou, Roméo Saganash - qui a lui-même passé 10 ans de sa vie dans un pensionnat -, et son collègue de Timmins-Baie-James, Charlie Angus, ont annoncé leur intention de saisir la Chambre des communes de ce dossier dans une lettre envoyée au premier ministre Justin Trudeau hier.

POUR UN RENOUVEAU

« Il ne peut pas y avoir de renouveau, et le travail de réconciliation ne sera pas complété, sans des excuses de la part du pape aux survivants des pensionnats autochtones pour le rôle joué par l'Église catholique dans les abus subis par d'innombrables autochtones partout au Canada », affirment les députés dans leur lettre au premier ministre.

La semaine dernière, Justin Trudeau s'était dit « très déçu » d'apprendre que le pape écartait l'idée d'effectuer une visite au pays pour présenter des excuses. Dans son rapport final déposé en 2015, la Commission de vérité et réconciliation avait recommandé que le Vatican présente des excuses pour les gestes commis par les membres de l'Église catholique. Mais dans une lettre aux leaders autochtones diffusée la semaine dernière, le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Lionel Gendron, a fait valoir que le pape François était d'avis qu'il ne pouvait « répondre personnellement » à cette demande après en avoir « discuté abondamment avec les évêques du Canada ».

DES PRÉCÉDENTS INVOQUÉS

Pour le NPD, ce refus est inacceptable. « Par le passé, ce pape s'est excusé aux peuples autochtones des Amériques pour le rôle de l'Église dans le colonialisme, et ses prédécesseurs se sont excusés pour des abus institutionnels et systémiques survenus à d'autres époques et dans d'autres lieux. À la lumière de cela, nous sommes pleinement confiants que le pape François comprend la gravité et l'ampleur du rôle de l'Église dans les abus odieux qui se sont produits dans le système des pensionnats autochtones », soutiennent les députés Roméo Saganash et Charlie Angus dans leur lettre au premier ministre.

Au passage, les députés néo-démocrates invitent Justin Trudeau à communiquer avec la Conférence des évêques catholiques du Canada pour qu'elle reconsidère sa décision de ne pas inviter le pape.

- Avec La Presse canadienne

Photo Adrian Wyld, archives La Presse canadienne

Charlie Angus, député néo-démocrate de Timmins-Baie-James