Le gouvernement de Justin Trudeau subit de la pression de la part de plusieurs intervenants afin d'amorcer les discussions sur un traité international qui interdirait le recours aux armes autonomes, surnommées les «robots tueurs», qui pourraient être créées dans le cadre du développement de l'intelligence artificielle (IA).

Ces demandes surviennent alors que le Canada a accueilli cette semaine à Montréal une rencontre du G7 durant laquelle les ministres responsables de l'emploi et de l'innovation des pays les plus riches au monde ont présenté l'IA comme l'un des moteurs de la croissance économique et de la création d'emplois dans le futur, sans toutefois aborder la question des possibles dérives de cette technologie.

La campagne internationale pour l'interdiction des armes autonomes, de même que certains chercheurs les plus renommés du Canada en matière d'IA, affirment que le gouvernement Trudeau ne peut pas continuer à ignorer les risques inhérents à cette technologie alors qu'il essaie de l'utiliser pour stimuler l'économie.

Les ministres ont mis un terme à leur rencontre de deux jours en se déclarant pour une vision commune de l'IA et en acceptant de tenir une conférence sur le sujet au Canada cet automne afin de lancer le forum du G7 sur l'avenir de l'emploi.

Paul Hannon, un militant canadien qui participe à la campagne internationale pour l'interdiction des robots tueurs, a affirmé que les gains économiques que les pays du G7 espèrent réaliser grâce à l'IA seront compromis s'ils persistent à ne pas tenir compte de la menace que constituent des armes pouvant décider quand attaquer et qui tuer.

M. Hannon a exhorté le gouvernement Trudeau à profiter de la présidence du G7 pour faire la promotion d'un traité qui interdirait l'utilisation d'armes autonomes avant même qu'elles ne soient créées.

Plus d'une centaine de pays, dont ceux du G7, participeront à un important rassemblement organisé par les Nations unies en avril afin de discuter de la possibilité de commencer à négocier un accord sur l'interdiction des robots tueurs.

Selon Paul Hannon, le Canada devrait faire preuve dans ce dossier du même leadership qu'il avait exercé il y a 20 ans pour obtenir la signature d'un traité contre les mines antipersonnel.

«Le Canada est encore perçu comme un négociateur honnête, comme un pays auquel les autres peuvent faire confiance, a souligné M. Hannon. Il pourrait contribuer de manière importante à ce que ce sujet se retrouve sur la table et pour dépasser le stade des platitudes et des déclarations simplistes.»