Le premier ministre Justin Trudeau s'est dit «très déçu» par la décision du pape François de ne pas offrir les excuses du Vatican pour le rôle toxique joué par des membres de l'Église catholique dans les pensionnats fédéraux pour Autochtones au Canada.

«Je pense que c'est un élément important de la guérison, de la réconciliation que ça nous prenait dans le pays, a estimé le premier ministre, mercredi matin. Nous allons continuer de travailler avec les communautés autochtones pour avancer la cause de la réconciliation, et on espère que tous les Canadiens non autochtones seront aussi au rendez-vous.»

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, a par ailleurs indiqué que le gouvernement maintiendrait la pression sur le Vatican pour obtenir ces excuses.

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, a indiqué dans un communiqué qu'il avait écrit au pape François pour le presser de visiter le Canada et de rencontrer les Autochtones. Il demande aussi une audience avec le pape pour en discuter.

À l'issue de ses travaux, la Commission de vérité et réconciliation avait notamment recommandé que le Vatican présente ses excuses aux survivants et aux familles des victimes de sévices subis dans les pensionnats. Le premier ministre Trudeau avait même personnellement porté cette invitation au pape, l'an dernier, lors d'une visite officielle au Vatican. La commission s'inspirait des excuses offertes par le pape en 2010 aux Irlandais victimes d'agressions sexuelles perpétrées par des prêtres catholiques.

Dans une lettre aux Autochtones, mardi, le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Lionel Gendron, explique qu'après avoir examiné attentivement la demande de la commission et en avoir «discuté abondamment avec les évêques du Canada», le pape François était d'avis qu'il ne pouvait «y répondre personnellement».

L'évêque de Saint-Jean-Longueuil ajoute qu'«une visite papale pourrait être envisagée dans le futur», qui pourrait comprendre une rencontre avec les peuples autochtones. En attendant, monseigneur Gendron encourage les évêques «à continuer de s'engager dans un travail intensif de pastorale visant la réconciliation, la guérison et la solidarité avec les peuples autochtones».

Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, s'est dit lui aussi déçu de la décision du Vatican. «Je pense que c'est important qu'une institution ou un groupe qui a joué un rôle significatif offre ses propres excuses lorsqu'on peut aider le mouvement de réconciliation», a-t-il soutenu mercredi.

Le gouvernement fédéral avait confié aux communautés religieuses la gestion de ses pensionnats pour Autochtones. Pendant plus d'un siècle, des milliers d'enfants arrachés à leur famille ont subi des sévices physiques, psychologiques et sexuels dans ces établissements destinés essentiellement à assimiler les petits Autochtones. La Commission de vérité et réconciliation a conclu que ces pensionnats étaient un outil de «génocide culturel» à l'égard des nations autochtones.