La chef du Parti vert fédéral, Elizabeth May, et un député néo-démocrate ont été arrêtés, vendredi, alors qu'ils participaient à une manifestation contre l'élargissement de l'oléoduc Trans Mountain, dans la région de Vancouver.

Mme May et le député Kennedy Stewart avaient annoncé leur intention de défier l'injonction du tribunal qui interdit toute manifestation autour de certaines installations du promoteur Kinder Morgan en Colombie-Britannique.

Alors qu'elle était escortée par des policiers jusqu'à une tente dressée sur place par la Gendarmerie royale du Canada, Mme May a soutenu vendredi que les permis délivrés pour le début des travaux ne respectaient pas les droits des Autochtones sur leur territoire.

«Cet engagement à construire un oléoduc en 2018, en pleine crise climatique, constitue un crime contre les générations futures, et je refuse d'en être complice», a dit Mme May, qui est députée de Saanich-Gulf Islands, dans le détroit de Géorgie, en Colombie-Britannique.

Une fois libérée, la députée a indiqué qu'elle avait été accusée d'outrage au tribunal, qui n'est pas une accusation criminelle. Elle devra comparaître le 14 juin. Dans un communiqué, la chef du Parti vert précise qu'elle respecte les pouvoirs des tribunaux, mais qu'«un citoyen responsable qui se préoccupe du climat» a le devoir moral de recourir à la désobéissance civile non violente.

«Je vais continuer à manifester ma solidarité avec les Premières Nations, dont les terres sont l'objet de ces actes de vandalisme.»

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a déjà approuvé le projet d'élargissement de l'oléoduc, qui achemine au port de Vancouver le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta. Le projet de Kinder Morgan permettrait de pratiquement tripler, à près de 900 000 barils par jour, la capacité de l'oléoduc Trans Mountain.

La Cour suprême (supérieure) de la Colombie-Britannique a prononcé la semaine dernière une injonction interdisant toute manifestation à moins de cinq mètres des deux terminaux de Kinder Morgan à Burnaby Mountain, où les travaux d'élargissement de l'oléoduc sont déjà en cours.

La députée Monique Pauzé, qui représente le Groupe parlementaire québécois, a tenu à donner son appui à ses collègues.

«Elizabeth May et Kennedy Stewart sont des députés. C'est leur travail de représenter la population qui a placé sa confiance en eux. Ils ont été arrêtés en plein exercice de leurs fonctions, là où c'est le plus important: sur le terrain», a-t-elle déclaré.

«Ils ont manifesté pacifiquement, courageusement et dignement les inquiétudes de leurs électeurs. Nous soutenons sans réserve nos collègues parlementaires.»

Une centaine d'arrestations

M. Stewart, député de Burnaby-Sud, soutient qu'il n'avait pas le choix de manifester aux côtés des nombreuses personnes qui s'opposent au projet dans sa circonscription. «(Les gens) craignent les effets désastreux de ce projet, mais se sentent aussi trahis par la façon dont tout cela a été approuvé», expliquait M. Stewart avant d'être arrêté.

Les organisateurs soutiennent qu'une centaine de personnes ont été arrêtées pour violation de l'injonction depuis le début des manifestations à Burnaby Mountain.

En demandant l'injonction, un avocat de Trans Mountain avait soutenu que les manifestants souhaitaient finalement retarder les travaux afin que le promoteur perde de l'argent et finisse par abandonner le projet de 7,4 milliards, approuvé par l'Office national de l'énergie et le cabinet fédéral.

Les opposants veulent aussi manifester devant les bureaux de circonscription de 44 députés fédéraux, et leur remettre des échantillons d'eau prélevée sur la côte de la Colombie-Britannique. Ils soutiennent que le nouvel oléoduc attirera jusqu'à 37 pétroliers par mois dans le détroit de Géorgie entre le port de Burnaby et l'île de Vancouver.