Le gouvernement fédéral étudie une série de mesures pour resserrer l'accès aux armes à feu au pays.

Ces changements permettraient notamment aux autorités d'identifier plus rapidement ceux qui ne devraient pas posséder d'armes, notamment en raison d'une maladie mentale ou d'un comportement violent.

Une note interne obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information explique que le gouvernement libéral présentera bientôt un projet de loi afin de respecter ses promesses électorales en ce qui concerne l'accès aux armes, y compris une vérification «améliorée» des antécédents de ceux qui souhaitent se procurer une arme de poing ou une autre arme à autorisation restreinte.

La note indique que le gouvernement pourrait aller encore plus loin en renforçant la vérification de ceux qui possèdent déjà des armes, dans le but de permettre aux autorités de réévaluer plus rapidement leur admissibilité à détenir un permis.

L'accès aux armes à feu a été au coeur des discussions lors d'un sommet national sur la violence liée aux armes à feu et aux gangs qui avait lieu mercredi à Ottawa. Des membres du gouvernement, des représentants des forces de l'ordre, des chercheurs, les maires de grandes villes et des organisations communautaires y ont participé.

Le maire de Toronto, John Tory, a insisté sur la nécessité d'injecter plus d'argent et de resserrer les lois pour combattre les crimes par arme à feu liés aux groupes criminels.

Selon lui, il y a «quelques failles dans le système» de contrôle des armes à feu.

John Tory a demandé lors de la conférence que les autorités soient automatiquement informées lorsque des trafiquants effectuent des commandes répétées d'armes à feu, qui finissent par tomber entre les mains de criminels.

«Lorsque des gens font des achats multiples d'armes à feu, peu importe le nombre, il devrait y avoir un drapeau rouge», estime le maire de la ville la plus peuplée du pays.

Les meurtres par arme à feu en hausse

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a présidé cette rencontre organisée au moment où des données jettent un éclairage troublant sur la situation.

Le nombre de meurtres commis avec des armes à feu à travers le pays a bondi de 44% de 2015 à 2016, avec un total de 223 morts. Il s'agissait de la troisième hausse annuelle consécutive. On a recensé 141 meurtres associés aux gangs en 2016, soit 45 de plus que l'année précédente. Les introductions par effraction pour voler des armes sont aussi en hausse.

Les données fédérales démontrent que 2223 permis d'armes à feu ont été révoqués en 2016 et que des questions de santé mentale ont été évoquées dans 424 de ces dossiers.

La note interne rappelle que des professionnels comme des médecins et des thérapeutes peuvent informer la police s'ils croient qu'un individu ne devrait pas posséder d'armes. Elle souligne également une loi québécoise qui impose aux employés de garderies, d'écoles et de centres de tir de rapporter de tels individus aux autorités.

Ottawa s'est engagé à investir plus de 327 millions au cours des cinq prochaines années et une autre tranche de 100 millions lors de la sixième année pour combattre les crimes liés aux armes et les groupes criminels.

L'un des messages qui a été le plus véhiculé lors du sommet est l'importance de la collaboration et de la coordination entre les services, a reconnu le ministre Goodale en conférence de presse.

Le directeur par intérim du service de régulation des armes à feu de la Gendarmerie royale du Canada, Rob O'Reilly, a abordé le problème de la face cachée d'internet («deep web») où des armes de grande puissance peuvent être achetées de façon anonyme.

Une tendance qui inquiète le député conservateur Glen Motz. «Vous pouvez aller sur internet dès maintenant, vous commandez pratiquement tout ce que vous voulez et cela vous est livré sur le pas de votre porte», a-t-il décrit.

Pour le président de l'Association canadienne des chefs de police, Mario Harel, il faut que le gouvernement accorde un accès «cohérent et en temps opportun» aux données des utilisateurs de services de télécommunications. Cet accès devrait aussi permettre aux autorités d'intercepter des communications écrites ou orales, croit M. Harel.

«C'est essentiel pour maintenir la capacité des services de police d'enquêter sur les organisations criminelles», soutient Mario Harel.

Le ministre Ralph Goodale a fait savoir que ce genre de projet de loi ne serait pas adopté de sitôt en raison de la complexité de l'enjeu et des exigences de protection de la vie privée.