La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, doit démissionner sans quoi elle contribuera à la défaite lors de l'élection partielle dans Chicoutimi-Le Fjord, selon la présidente de l'association de cette circonscription.

L'exécutif en est venu à cette conclusion à l'unanimité après avoir consulté des militants, a précisé Élise Gauthier en entrevue.

«On ne peut pas imaginer que Mme Ouellet nous soit utile pour un gain dans l'élection partielle qui s'annonce, a-t-elle avoué. C'est impensable que Mme Ouellet, dans ce contexte, puisse rendre service au Bloc québécois dans Chicoutimi-Le Fjord.»

Cette circonscription a été laissée vacante par l'ex-député libéral Denis Lemieux. Celui-ci avait annoncé sa démission en novembre en citant des raisons familiales.

Le gouvernement libéral a jusqu'au 2 juin pour annoncer la date de cette élection partielle.

L'association de comté du Bloc québécois a déjà choisi une candidature qui n'a pas encore été rendue publique. Elle ne le sera pas si Mme Ouellet s'entête à demeurer en poste, prévient Mme Gauthier qui se dit prête à quitter la formation politique. Elle y milite depuis sa fondation en 1991.

«Si elle s'entête à nuire au Bloc québécois, moi je vais quitter et je n'attendrai pas l'automne pour le faire», a-t-elle confié en ajoutant qu'elle ne serait pas la seule.

Elle demande la tenue d'un scrutin sur le leadership de Mme Ouellet où chaque membre aurait un vote si la chef refuse de quitter son poste d'elle-même.

Ce nouveau développement survient alors que les sept députés dissidents du Bloc québécois tournent la page et n'excluent pas de former un nouveau parti. Ils refusent de se lancer dans une guerre d'usure avec la chef Martine Ouellet.

Le groupe, qui a tenu une réunion téléphonique lundi, est en train d'évaluer ses options. Il est composé de Michel Boudrias, Rhéal Fortin, Simon Marcil, Monique Pauzé, Louis Plamondon, Gabriel Ste-Marie et Luc Thériault.

«Ce n'est pas exclu et ce n'est pas prévu», a répondu le député Rhéal Fortin à une question sur la formation d'un nouveau parti politique pour représenter les intérêts du Québec à Ottawa.

«On verra, a-t-il continué. Il y a toutes sortes d'options, c'en est une, mais pour l'instant on n'en est pas là.»

Il n'a pas voulu s'avancer sur les autres options qui étaient envisagées, mais a rejeté catégoriquement l'idée de convaincre au moins 25 associations de circonscription de devancer la tenue d'un vote de confiance.

«Nous avons essayé tout ce qu'il nous semblait possible de faire, a-t-il expliqué au nom des sept dissidents. Nous avons dû nous rendre à la décision extrême de quitter le caucus, alors nous ne reviendrons pas en arrière pour demander un congrès spécial. Ce serait assez incohérent.»

Le Devoir révélait mardi que certaines associations de circonscription appuyaient Martine Ouellet et que d'autres étaient divisées. Sept ont demandé le départ de la chef ou la tenue d'un vote de confiance avant mai 2019.

Divorce définitif

Le divorce semble définitif entre les dissidents et le Bloc québécois même si ceux-ci en demeurent membres. Martine Ouellet a refusé de démissionner malgré la pression exercée la semaine dernière par l'ex-chef du parti Gilles Duceppe et d'ex-députés.

«On a compris que ça ne serait pas le cas et on se gouverne en conséquence, c'est tout, a réagi Rhéal Fortin. On n'en est plus là. On a en a fait notre deuil, c'est réglé, c'est réglé.»

La chef bloquiste avait invité samedi les sept députés à réintégrer le caucus après avoir reçu «l'appui indéfectible» et la «pleine confiance» du Bureau national du parti. Le groupe de députés qui se dit incapable de travailler avec Mme Ouellet refuse de réintégrer les rangs tant qu'elle restera en poste.

Après la tristesse de la semaine dernière, les sept députés sont encouragés par les messages d'appui qu'ils ont reçus, a signalé Rhéal Fortin.

«On a pris notre décision, on l'assume, on travaille pour le Québec, on va continuer de défendre les intérêts de nos électeurs et c'est ça notre leitmotiv pour la suite des choses», a-t-il insisté.

Les sept, qui forment maintenant le Groupe parlementaire québécois, ont diffusé un communiqué lundi pour dénoncer l'absence de «mesures structurantes» pour les Québécois dans le dernier budget fédéral.

Ils ont l'intention de se concentrer sur leur travail parlementaire et en circonscription sans réagir aux critiques émises par Mme Ouellet la semaine dernière.

«Après on verra, a pour sa part indiqué le député et cofondateur du Bloc québécois Louis Plamondon. Si (les instances du parti) ont envie de continuer avec elle, je ne pense pas qu'elles prennent le bon chemin, mais c'est leur choix, c'est elles qui prendront la responsabilité de l'affaiblissement du Bloc.»

PC

Rhéal Fortin