Même s'ils laissent le nom et le logo derrière eux, les sept députés qui ont claqué la porte représentent le vrai Bloc québécois, a affirmé hier l'ex-chef Daniel Paillé, alors que Gilles Duceppe suggérait carrément à Martine Ouellet de démissionner.

« Le Bloc, c'est ceux qui sont partis. C'est plate à dire, mais c'est ça », a affirmé à La Presse M. Paillé, qui a dirigé le parti de 2011 à 2013, avant de quitter ses fonctions pour des raisons de santé. « Je ne sais pas ce qui va arriver dans les détails de reconnaissance de parti, de finances de parti et toutes ces affaires-là. Mais le fondamental du parti [...], c'est resté à mon avis entre les mains de [Louis] Plamondon et de Rhéal Fortin, et des autres. »

Gilles Duceppe, lui, faisait hier la tournée des médias pour souligner la clarté du message envoyé par les sept députés.

« C'est sûr que je pense qu'elle devrait partir. Quand on perd 70 % du caucus, c'est sûr qu'on devrait s'interroger », a-t-il dit en entrevue. « Ça ne fonctionne pas. Mario Beaulieu avait tiré cette [même] conclusion quand il était venu me chercher [en 2015]. »

« C'est un message assez clair. Quand 70 % du caucus s'en va... », a dit l'ex-chef Gilles Duceppe.

Gilles Duceppe et Daniel Paillé s'inscrivent dans la même lignée politique. Les souverainistes purs et durs - le camp que représente Mme Ouellet - veulent mettre davantage l'accent sur l'urgence de l'indépendance.

« DÉSOLANT »

Un autre ex-chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, fait partie des fidèles de Mme Ouellet et se tenait à ses côtés pendant sa conférence de presse hier matin. Il a souligné que la porte de sa formation politique demeurerait ouverte si les sept députés désiraient revenir.

Il a aussi précisé que les tensions actuelles existaient avant même son propre mandat, entre 2014 et 2015.

Daniel Paillé lui donne raison sur ce point. « M. Beaulieu a raison, puisque c'était lui qui alimentait ça », a-t-il dit.

« Eux [Mario Beaulieu et ses alliés] étaient tenants d'une ligne qui aujourd'hui prend plus d'espace, mais qui avait plus ou moins d'importance à l'époque, puisqu'on était fidèles à ce pour quoi le Bloc a été constitué :  [...] faire valoir les intérêts du Québec à Ottawa, et bien sûr de participer au mouvement souverainiste », a-t-il analysé. 

« [La nouvelle position dominante], est-ce que ça représente tous les membres du Bloc ? Faudrait se demander combien il reste de membres au Bloc », a dit Daniel Paillé.

Gilles Duceppe dit ne pas avoir détecté les mêmes tensions, mais souligne qu'il connaissait finalement assez peu la nouvelle équipe du Bloc québécois quand il a fait campagne en 2015, appelé à la rescousse par un Mario Beaulieu impuissant devant la morosité du public.

Surtout, Gilles Duceppe et Daniel Paillé sont particulièrement frappés par le départ de Louis Plamondon, député bloquiste de la première heure et doyen des Communes.

« Ça, c'est énorme, a dit M. Paillé. Il a été élu avec M. Bouchard sous Mulroney. Il a siégé avec Bouchard, avec Gauthier, avec Duceppe, avec moi, il a enduré Mario Beaulieu. Il faut croire que Mme Ouellet a plus d'ascendant. Quand je vois M. Plamondon quitter avec six autres personnes qui sont dans la ligne du Bloc historique... Je trouve ça désolant. »

La Presse n'a pas pu joindre Michel Gauthier, chef du Bloc québécois entre 1996 et 1997.

Photo Alain Roberge, archives La Presse

Daniel Paillé, ex-chef du Bloc québécois de 2011 à 2013