Le cabinet du premier ministre fédéral a mis sur pied une équipe restreinte pour traiter les plaintes de harcèlement sexuel ou de comportement inapproprié au travail que pourrait porter le personnel politique des ministres.

Une porte-parole de Justin Trudeau a indiqué lundi que deux proches conseillers sont chargés d'accueillir ces plaintes - y compris celles qui pourraient émaner du propre cabinet du premier ministre.

Ce «bureau d'enquête et de résolution», mis sur pied en octobre, peut aussi exiger la tenue d'une enquête indépendante concernant des allégations.

On a appris l'existence de ce bureau lorsque le site d'information HuffPost a publié les allégations de Myriam Denis, qui soutient avoir reçu un message suggestif de Claude-Éric Gagné, alors proche conseiller du premier ministre Trudeau, plusieurs mois après une entrevue d'emploi qui n'a jamais donné de suite.

M. Gagné a démissionné la semaine dernière après les conclusions d'une enquête externe sur d'autres allégations, qu'il a niées.

Selon le HuffPost, lorsque Mme Denis a publié dans les médias sociaux certains détails de l'affaire alléguée, un membre du cabinet du premier ministre l'a jointe et lui a proposé de la mettre en contact avec l'enquêteur externe.

Le cabinet du premier ministre explique que cette personne avait entrepris la démarche auprès de Mme Denis en sa qualité de responsable de ce nouveau «bureau d'enquête et de résolution».

Affaire Dykstra: un député défend Stephen Harper

L'ancien premier ministre Stephen Harper avait «le meilleur intérêt des Canadiens» en tête lorsqu'il a approuvé la candidature d'un député sortant qu'il savait visé par des allégations d'agression sexuelle.

C'est ce qu'a plaidé lundi le député et ancien ministre Ed Fast dans le foyer de la Chambre des communes, alors que ses collègues évitaient pour la plupart de commenter directement le nouveau rebondissement dans l'affaire Rick Dykstra.

«J'ai tout à fait confiance que M. Harper a pris une décision qui était conforme à l'État de droit et qui était dans le meilleur intérêt des Canadiens», a-t-il dit à La Presse canadienne à sa sortie de la période des questions.

L'ancien chef conservateur a reconnu vendredi dernier, dans un message publié en fin de soirée sur Twitter, qu'il était au courant des allégations d'agression sexuelle formulées par une employée du Parlement à l'encontre du député sortant au moment où il a rendu son verdict.

Il a fait valoir que puisqu'aucune accusation criminelle n'avait été portée contre Rick Dykstra, il avait permis à ce dernier de se représenter sous la bannière conservatrice dans la circonscription ontarienne de St. Catharines, qu'il représentait depuis 2006.

Dans sa déclaration, Stephen Harper a aussi indiqué qu'il y avait actuellement «des discussions partout dans le monde sur la façon de protéger les victimes d'agression sexuelle et de les encourager à se manifester».

L'ex-premier ministre a publié ce message en réaction aux révélations du magazine Maclean's entourant la gestion, par les stratèges de la formation politique, du cas de celui qui, après sa défaite électorale, a été élu président du Parti progressiste-conservateur en Ontario.

Il a depuis démissionné de ses fonctions, le 28 janvier dernier, juste avant la publication de cet article, niant les allégations d'agression sexuelle faites à son endroit, lesquelles n'ont pu être vérifiées de manière indépendante par La Presse canadienne.

Le nouveau chef des troupes conservatrices, Andrew Scheer, a mis du temps à réagir au reportage du Maclean's. Après avoir martelé pendant trois jours qu'il préférait regarder vers l'avant, il a finalement annoncé, mercredi dernier, qu'il avait demandé l'ouverture d'une enquête indépendante.

C'est derrière cette investigation que plusieurs de ses élus ont préféré se réfugier alors que les journalistes les interrogeaient sur la déclaration de l'ancien premier ministre Stephen Harper, lundi, dans les couloirs du parlement.

«Je vais attendre les résultats de l'enquête», a commenté le député et ex-ministre Pierre Poilievre en marge d'une annonce dans le foyer de la Chambre. Plusieurs élus, dont Erin O'Toole et Peter Kent, ont offert le même genre de réponse.

«Pour ce qui s'est passé dans le passé, laissons-le au passé», a pour sa part argué la députée Sylvie Boucher. «Moi, mon chef actuel, il s'appelle M. Scheer, et pour lui, c'est inacceptable», a tranché l'élue québécoise.

Sa collègue Michelle Rempel, qui avait servi une volée de bois vert aux stratèges de son parti lundi dernier lors d'un débat en Chambre, a quant à elle refusé de commenter la décision prise par Stephen Harper, faisant valoir que son discours d'il y a quelques jours tenait toujours.

Un porte-parole du Parti conservateur du Canada, Cory Hann, a pour sa part souligné que les responsables de la sélection des candidats au parti demanderaient dorénavant à tout aspirant s'il a déjà été visé spécifiquement par des allégations de «comportement sexuel inapproprié».

Il a soutenu qu'un nouveau questionnaire, plus rigoureux, leur sera soumis. Les questions du précédent étaient auparavant plus générales et portaient sur toute allégation de gestes illégaux ou enquête sur des actes répréhensibles, de quelque nature qu'ils soient, a expliqué M. Hann.