La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) s'inquiète des rumeurs qu'elle entend au sujet des sommes que le gouvernement libéral s'apprêterait à investir pour freiner l'érosion du fait français au pays.

Le président de l'organisation de défense des droits linguistiques, Jean Johnson, était en conférence de presse à Ottawa, lundi, pour donner le coup d'envoi à la rentrée parlementaire en réclamant aux libéraux l'injection de 575 millions $ sur cinq ans.

Cette somme, a-t-il insisté, est «nécessaire pour réparer les torts causés» sous le précédent gouvernement conservateur, lequel a, selon lui, «impunément ignoré» ses obligations linguistiques, affamant les organismes qui oeuvrent dans les communautés linguistiques en situation minoritaire.

Le président de la FCFA estime qu'il est temps pour le gouvernement Trudeau de délier les cordons de la bourse, après plus de deux ans au pouvoir. Et les rumeurs qui circulent quant aux velléités libérales à cet égard sont préoccupantes, a-t-il noté, disant préférer ne pas les croire.

«Je ne suis pas porté à écouter trop trop les rumeurs qu'on entend, parce que ce sont des rumeurs qui sont réellement décourageantes», a-t-il lâché au micro sans spécifier quels sont les chiffres ayant été portés à son attention.

Car si les rumeurs en question sont représentatives de la réalité, elles constitueraient «une insulte et une injure à nos communautés», et la «grogne» qui est «toujours présente» va «se manifester», a prévenu M. Johnson.

Il enjoint donc le premier ministre Justin Trudeau à «s'engager personnellement» dans le dossier des langues officielles, lançant au passage un «ultimatum» à son gouvernement, lui accordant jusqu'au 31 mars pour poser des «gestes significatifs».

«Que M. Trudeau déclare qu'il croit au bilinguisme, ce n'est plus suffisant. (...) Les francophones, les Acadiennes et les Acadiens n'attendront plus», a tranché Jean Johnson lors de sa en conférence de presse au parlement.

S'il a salué l'«écoute» de la ministre responsable du dossier des langues officielles, Mélanie Joly, le président de la FCFA juge néanmoins que la gestion du plan d'action devrait être confiée au Bureau du Conseil privé - le ministère du premier ministre.

La ministre Joly a amplement consulté pour orienter l'élaboration du plan qui doit entrer en vigueur en 2018, et qu'elle s'est engagée lundi, en mêlée de presse, à déposer «d'ici les deux prochains mois».

Elle n'a toutefois pas précisé s'il serait accompagné d'une enveloppe plus généreuse que sous l'ancien gouvernement conservateur. «J'ai toujours dit qu'on ferait notre part et j'ai toujours dit qu'il fallait avoir un bon plan d'action», s'est-elle contentée d'offrir.