Le harcèlement sexuel « est un problème systémique », estime le premier ministre Justin Trudeau, qui exhorte au passage les dirigeants de tous les secteurs - politique, économique et social, entre autres - à redoubler d'efforts pour contrer ce fléau en recrutant notamment davantage de femmes.

De retour de Davos, où il a participé au Forum économique mondial et où il a aussi fait un vibrant plaidoyer en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes, M. Trudeau a soutenu devant les membres de son caucus dimanche que les mouvements tels que #moiaussi, Time is Up ne sont pas que des « campagnes discrètes pour le changement social ».

Ce sont des mouvements pleinement justifiés, selon lui, pour que l'on mette fin à un fléau qui perdure depuis trop longtemps.

« Nous défendrons toujours les femmes. Comme je l'ai dit la semaine dernière à Davos, #moiaussi, Time's Up, la Marche des femmes, ce ne sont pas des campagnes discrètes pour le changement social. Il s'agit d'un mouvement et d'un mouvement dont l'heure est venue », a affirmé le premier ministre, alors qu'il participe à une réunion de son caucus en prévision de la rentrée parlementaire de lundi.

« Le harcèlement sexuel est un problème systémique. Il est inacceptable. Lorsque les femmes prennent la parole, nous avons la responsabilité de les écouter et de les croire. Comme dirigeants, dirigeants au gouvernement et dans nos communautés, nous avons la responsabilité d'assurer l'embauche, la promotion et le maintien en poste de plus de femmes », a-t-il ajouté.

M. Trudeau a tenu ces propos alors qu'il a été contraint d'accepter vendredi la démission du ministre des Sports et des Personnes handicapées, Kent Hehr, visé par des allégations d'inconduite sexuelle la semaine par une fonctionnaire du gouvernement de l'Alberta. Cette fonctionnaire, Kristin Raworth, a dénoncé sur son compte Twitter les agissements de M. Hehr, alors qu'il siégeait à l'Assemblée législative de la province, dans la foulée de la démission fracassante la semaine dernière du chef du Parti progressiste de l'Ontario, Patrick Brown, également visé par des allégations d'inconduite sexuelle de la part de deux jeunes femmes.

Depuis que Mme Raworth a dénoncé M. Hehr, elle a été la cible de menaces de mort et de messages haineux sur les médias sociaux. Elle a même reçu une note menaçante qui a été glissée sous la porte de son domicile en fin de semaine, rapportait dimanche le quotidien The Edmonton Journal. La police d'Edmonton a été saisie de cette affaire, à la demande du bureau du premier ministre Justin Trudeau.

M. Hehr a démissionné de son poste de ministre, mais il est toujours membre du caucus libéral d'ici à ce que l'avocate Christine Thomlinson termine son enquête indépendante sur les allégations d'inconduite sexuelle, à la demande du gouvernement libéral. Un autre député libéral de la région de Calgary, Darshan Kang, a décidé de quitter le caucus libéral après que deux femmes eurent affirmé avoir été victime de harcèlement sexuel de sa part.

Durant son discours devant ses troupes, Justin Trudeau a soutenu que l'un des moyens de contrer ce fléau est de recruter davantage de femmes.

« Ajouter des femmes change la politique. Ce n'est pas juste un hashtag. Ajouter des femmes change la politique, c'est de cette façon que nous allons bâtir un meilleur pays. Améliorer l'environnement de travail, le rendre plus sécuritaire et plus accueillant pour les femmes, ce n'est pas juste la bonne chose à faire, c'est la chose intelligente à faire », a-t-il soutenu.

« La plus grande partie de la croissance économique au cours des dernières années a été rendue possible grâce à l'entrée des femmes sur le marché du travail, qui a véritablement changé. Les emplois qu'elles ont créés, la croissance qu'elles mènent, tous ces avantages profitent à tous », a-t-il encore dit.

Devant ses troupes, M. Trudeau s'est aussi félicité que le Canada ait conclu la semaine dernière l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), une entente de libre-échange avec 10 autres pays qui permettra d'abolir des milliers de barrières tarifaires entre les signataires. Cette entente, dont les détails n'ont pas encore été divulgués, est une version amendée du Partenariat transpacifique (PTP) dont se sont retirés les États-Unis l'an dernier.

« Nous avons fait des progrès dans le dossier du commerce. Nous avons conclu un accord sur le Partenariat Transpacifique. Comme l'accord avec l'Union Européenne, c'est un accord progressiste qui va nous permettre de créer de bons emplois bien rémunérés. C'est une bonne nouvelle pour la classe moyenne et pour ceux qui travaillent fort pour s'y joindre. Quant à l'ALENA, nous travaillons fort pour conclure une meilleure entente pour les Canadiens, une entente qui va aider davantage les gens et qui va être le reflet des valeurs canadiennes qui nous sont chères. C'est quelque chose que les conservateurs ne comprenaient pas et ne comprennent toujours pas », a-t-il dit.

La Chambre des communes reprend ses travaux lundi après un congé de six semaines.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le député et ancien ministre Kent Hehr