La ministre du Patrimoine canadien Mélanie Joly a confirmé hier qu'elle procéderait à « des annonces » d'ici environ un mois en vue d'accorder une aide financière aux médias écrits. Sans entrer dans les détails, elle a assuré que la participation d'Ottawa serait structurée de façon à respecter l'indépendance journalistique des salles de rédaction.

Mme Joly a fait part de cette information à La Presse après une rencontre avec des représentants de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), à Montréal. « Ce qui me préoccupe, c'est comment on peut soutenir la presse écrite sans entraver l'indépendance des salles de nouvelles, a-t-elle expliqué. J'aurai des annonces à faire au cours des prochaines semaines à la suite du budget. »

La date du prochain budget fédéral n'est pas encore connue, mais cet événement se déroule habituellement vers la fin février ou le début mars.

Mélanie Joly avance qu'elle a toujours voulu aider les médias locaux, les médias régionaux et les quotidiens « à faire la transition vers des modèles d'affaires qui seraient viables dans un modèle numérique ». C'est cependant la première fois qu'elle confirme une annonce imminente et concrète à cet effet.

« On est en mode solution, on sait que le secteur de la presse écrite fait face à des difficultés étant donné qu'il y a plusieurs revenus publicitaires qui sont envoyés vers Silicon Valley, vers les plateformes numériques, et on sait très bien qu'il y a eu plusieurs coupures dans les salles de nouvelles, partout à travers le pays »

- Mélanie Joly

Selon la FNC-CSN, quelque 43 % des emplois ont disparu dans l'industrie de la presse écrite au Québec depuis 2009. À l'échelle canadienne, au moins 16 500 postes ont été supprimés depuis 2008, calcule la Fédération. Mélanie Joly s'est dite convaincue que les médias jouent « un rôle fondamental dans la vitalité de notre démocratie ».

CRÉDIT D'IMPÔT ?

C'était la cinquième fois que la ministre rencontrait les représentants de la FNC-CSN, hier. La présidente de la Fédération, Pascale St-Onge, a qualifié la rencontre d'« assez productive ».

« On a beaucoup insisté sur l'importance d'agir dès le prochain budget, a dit Mme St-Onge. On a insisté sur l'importance des crédits d'impôt sur la masse salariale, qui sont probablement la solution qui a la chance de sauver le plus d'emplois, et celle qui a le moins de coefficient de difficulté politique. »

Un mémoire préparé par MCE Conseils pour la Fédération propose un crédit d'impôt temporaire sur la masse salariale, qui rembourserait 30 % des salaires consacrés à la création de contenu pendant une période de six ans. Le crédit - qui s'apparente à celui offert par Québec à l'industrie du multimédia - diminuerait de 10 % à partir de la cinquième année.

Selon MCE Conseils, les coûts de cette mesure s'élèveraient à environ 270 millions de dollars par année pour le gouvernement fédéral, pour un total de 1,35 milliard au bout de six ans. Mélanie Joly n'a pas précisé à La Presse la solution qu'elle préconise.

Le premier ministre Justin Trudeau avait évoqué une possible aide aux médias dans une entrevue récente avec Le Soleil, mais c'est la première fois que la ministre responsable du dossier confirme une annonce imminente.

Photo Olivier Jean, Archives La Presse

Un mémoire préparé pour la Fédération nationale des communications propose un crédit d'impôt temporaire sur la masse salariale, qui rembourserait 30 % des salaires consacrés à la création de contenu des médias écrits pendant une période de six ans.