Le député libéral de Saint-Léonard-Saint-Michel, Nicola Di Iorio, est favorable à ce que les camionneurs professionnels canadiens soient obligés de se soumettre à des tests aléatoires pour le dépistage de la marijuana afin de pouvoir rouler aux États-Unis, où la tolérance par rapport au joint occasionnel est inexistante.

Préoccupé par les impacts de la légalisation de la marijuana sur la sécurité routière, dont il a fait sa priorité en politique, le député fédéral du nord de Montréal estime que «tous les gouvernements», et pas seulement le fédéral, doivent «impérativement» investir dans la recherche pour établir une norme mesurable de consommation au-delà de laquelle il sera interdit de conduire, comme celle qui prévaut pour l'alcool au volant.

M. Di Iorio estime qu'il est important qu'on développe rapidement «les instruments de dépistage et les moyens légaux» qui permettront de connaître avec précision le moment de la consommation, afin d'aider à assurer la sécurité sur la route et en milieu de travail après la légalisation.

Pratique peu répandue

L'administration de tests aléatoires de dépistage auprès des employés n'est pas une pratique répandue ni populaire au Canada. Il y a un mois, le syndicat Unifor a obtenu une injonction pour contester le droit de l'employeur Suncor, au nom du droit à la vie privée, de mener ces tests au hasard pour dépister la consommation de drogue ou d'alcool.

Dans un entretien avec La Presse, hier, au terme d'une rencontre avec des membres de l'Association du camionnage du Québec (ACQ), M. Di Iorio a affirmé que «ces règles-là ont été développées devant des tribunaux d'arbitrage où les seules parties entendues étaient l'employeur et le syndicat. [...] Le public et les usagers de la route n'étaient pas une partie à la cause, ajoute-t-il. Les arbitres ont dit qu'il faut protéger le droit à la vie privée. Moi, je dis qu'il faut protéger la vie, point. Le droit à la vie prime sur le droit à la vie privée.»

Le député Di Iorio a tenu à préciser qu'il est en faveur de la légalisation du cannabis, parce que sa consommation enrichit d'abord et surtout les éléments criminels de la société dans le cadre actuel de prohibition.

Inquiétudes chez les camionneurs

Les grandes entreprises de camionnage du Québec que représente l'ACQ ont bien sûr des préoccupations quant aux effets de la légalisation de la marijuana.

Le président de l'ACQ, Marc Cadieux, indique que les grandes entreprises de transport canadiennes adhèrent à un protocole qui exige l'administration de tests aléatoires parmi les chauffeurs afin d'avoir le droit de rouler sur les routes américaines. Un conducteur qui subit un test positif pourrait être interdit de rouler aux États-Unis, même si sa consommation n'a jamais été faite durant les heures de travail et que ses facultés de conduire n'étaient pas touchées, en raison de l'imprécision inhérente aux tests existants.

«Les entreprises craignent surtout d'avoir à gérer des enjeux de sécurité ou d'employabilité, sans parler des relations de travail, alors qu'en termes d'encadrement légal, on n'est absolument pas équipés pour le faire», déplore M. Cadieux.