Les libéraux fédéraux reportent une fois de plus l'échéance qu'ils s'étaient fixée eux-mêmes pour décider s'ils rétabliront ou non la livraison du courrier à domicile pour des milliers de Canadiens.

Le syndicat représentant les travailleurs des postes se dit frustré de ce nouveau report alors que l'avenir de Postes Canada fait l'objet de plus en plus de discussions dans le cadre des négociations avec la société de la Couronne pour un nouveau contrat de travail.

Les libéraux disaient vouloir prendre une décision sur cette question avant la fin de l'année 2017, dans la foulée d'une révision du mandat de Postes Canada.

L'ancienne ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Judy Foote, avait initialement l'intention de rendre une décision au printemps.

Mais cette échéance est arrivée et les libéraux ont affirmé avoir besoin de plus de temps pour examiner deux rapports sur l'avenir de Postes Canada - l'un provenant d'un groupe de travail, et l'autre, du Comité permanent des opérations gouvernementales de la Chambre des communes. Les deux documents avaient été finalisés à la fin de l'année 2016.

Maintenant, le gouvernement souhaite prendre une décision à une date indéterminée en 2018, a indiqué la porte-parole de la ministre actuelle, Carla Qualtrough. La porte-parole n'a pas justifié ce nouveau report, mais un courriel du bureau de la ministre a fait référence à la nomination, la semaine dernière, de Jessica McDonald comme nouvelle présidente du conseil d'administration de la Société canadienne des postes.

«La ministre Qualtrough a hâte de travailler avec Mme McDonald, qui jouera un rôle crucial dans la supervision de la nouvelle direction de cette importante institution canadienne», est-il écrit dans le communiqué.

«Une annonce sur la vision de notre gouvernement quant à Postes Canada sera faite au moment opportun.»

La livraison du courrier à domicile est devenue un enjeu pendant la campagne électorale de 2015 alors que les libéraux et les néo-démocrates s'opposaient à la décision du gouvernement conservateur de l'époque qui avait mis fin à la livraison du courrier à domicile au profit de boîtes postales communautaires.

Les conservateurs martelaient que cette décision était nécessaire pour diminuer les coûts d'opération de Postes Canada dans la foulée du déclin des livraisons postales.

Peu de temps après être arrivés au pouvoir, les libéraux avaient imposé un moratoire sur toutes les prochaines conversions de boîtes postales.

Le Comité permanent des opérations gouvernementales de la Chambre des communes avait recommandé dans son rapport de rétablir partiellement la livraison de courrier à domicile dans certains secteurs qui l'avaient perdu après le début de la campagne électorale de 2015.

Selon le rapport, 830 000 individus ont été touchés par la conversion vers des boîtes postales communautaires depuis 2013, ce qui a fait économiser 80 millions $ annuellement à Postes Canada.

Le syndicat presse Trudeau de «livrer»

Le Syndicat canadien des travailleurs et travailleuses des postes plaide de son côté que les prévisions pessimistes de Postes Canada sont exagérées. Tout en reconnaissant qu'il existe un déclin dans le volume du courrier à domicile, le syndicat dit avoir observé une augmentation rapide de la livraison de colis, en raison d'une hausse des ventes en ligne.

Le syndicat a dit lundi être «déçu d'un autre retard du gouvernement».

«On nous a d'abord dit que ce serait au printemps de 2017, ensuite à la fin de 2017, a déclaré le président du syndicat, Mike Palecek. Les gens de partout au pays font face à un autre hiver, marchant péniblement vers leur boîte postale de groupe dont le premier ministre avait promis de se débarrasser. Nous livrons. À quel moment Trudeau (livrera)?»

Alors que les négociations avec Postes Canada ont repris dans les dernières semaines, le syndicat a notamment demandé à la société de la Couronne de rétablir la livraison du courrier à domicile à toutes les adresses où elle avait été abolie.