Le gouvernement Trudeau tient à rassurer le Québec: il n'a guère l'intention d'imposer des conditions contraignantes aux provinces au moment où il compte réinvestir massivement dans le logement abordable au pays, un domaine qui relève de leur compétence.

Alors que certains craignaient le début d'une querelle de juridiction entre Ottawa et Québec, le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, a tenu à souligner que le gouvernement fédéral veut d'abord et avant tout être un partenaire des provinces afin répondre aux besoins pressants en matière de logement abordable dans plusieurs régions du pays.

C'est d'ailleurs l'essentiel du message qu'il a livré dans une lettre expédiée à la ministre responsable de la Protection des consommateurs et de l'Habitation du Québec, Lise Thériault, et au ministre des Relations canadiennes Jean-Marc Fournier, quelques jours après l'annonce du 22 novembre de la Stratégie sur le logement de 40 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

«De façon à tenir compte des besoins et des particularités propres à chaque province et territoire, notre gouvernement a déjà annoncé son intention de signer des ententes bilatérales avec chacun d'entre eux. Comme vous l'avez demandé, le Québec aura donc sa propre entente », a indiqué M. Duclos dans cette lettre dont La Presse a obtenu copie.

«Les discussions que nous entreprendrons prochainement se dérouleront sous le signe du respect, de la collaboration et du partenariat. Pour reprendre vos mots, cette entente permettra à nos 'ordres de gouvernement de coordonner leur action et de collaborer efficacement' sur cet enjeu d'une grande importance pour les Canadiens », a aussi affirmé M. Duclos dans sa lettre.

En expédiant cette lettre rapidement, M. Duclos souhaite éviter une guerre des mots entre Ottawa et le Québec d'autant plus que certains ministres du gouvernement Couillard ont mal réagi à la suite de son annonce sur le logement social.

La ministre Lise Thériault avait dénoncé une tentative d'ingérence dans un domaine qui relève de la compétence des provinces.        

« Le Québec va revendiquer fort son droit d'être le maître d'oeuvre de ses programmes », avait notamment déclaré Mme Thériault aux journalistes à Québec. « Ce n'est pas vrai que le gouvernement fédéral va nous assujettir à la Société canadienne du logement et va décider qu'il ajoute des conditions ! » Elle avait aussi affirmé que la nouvelle stratégie fédérale « dédouble » des programmes déjà existants au Québec.         

La stratégie fédérale prévoit donc des investissements de 40 milliards en dix ans, mais Ottawa table sur une contribution des provinces en arrivant à cette somme.

L'un des éléments les plus innovateurs du plan d'Ottawa prévoit une nouvelle allocation d'aide au logement à laquelle environ 300 000 familles dans le besoin auraient droit. Chaque ménage pourrait ainsi recevoir 2500 $ en moyenne à compter de 2020, donc après la prochaine élection fédérale. Cette mesure coûterait en tout 4 milliards en incluant la participation des provinces et des territoires.

La somme la plus importante, 15,9 milliards, sera consacrée à un nouveau fonds pour réparer 240 000 logements communautaires et en construire 60 000 nouveaux. La stratégie comprend également 9,1 milliards pour le maintien des 385 000 logements communautaires déjà existants. Les accords d'exploitation conclus avec les provinces arrivaient à échéance et des milliers de locataires risquaient de ne plus pouvoir acquitter les frais de leur loyer. Ottawa s'attend à ce que les provinces et les territoires contribuent 4,3 milliards.

-Avec La Presse canadienne