La députée libérale fédérale de Longueuil allègue qu'un député conservateur a fait à son endroit des commentaires «humiliants» et de «nature sexuelle». Et les excuses offertes par le député manitobain ne suffisent pas à sa collègue.

Sherry Romanado, députée de Longueuil-Charles-LeMoyne, a semé la consternation à la Chambre des communes lorsqu'elle s'est levée pour faire ces allégations peu après la période des questions, lundi. Mais lorsque celui qu'elle attaquait a offert sa version des faits, elle n'a pas voulu y répondre.

«En mai, le député de Selkirk-Interlake-Eastman m'a fait, publiquement, des commentaires inappropriés, humiliants et non sollicités, des commentaires de nature sexuelle. Ces commentaires m'ont causé beaucoup de stress et ont nui à mon environnement de travail», a déclaré Mme Romanado, aux Communes.

En matinée, dans les mêmes lieux, le député James Bezan s'était levé pour faire sa propre déclaration. «J'ai fait un commentaire inapproprié et insensible, en présence de la députée de Longueuil», avait-il dit, en offrant ses «excuses sincères».

Manifestement, ça n'était pas assez pour Mme Romanado.

En fin de journée, lundi, M. Bezan a donc donné plus de détails sur l'incident.

«Le 2 mai, à un événement public à l'hôtel de ville d'Ottawa, je posais pour une photo avec la députée et un autre individu. Pendant que je posais pour la photo, j'ai fait un commentaire inapproprié et désinvolte et j'ai dit »Ce n'est pas ma conception d'un ménage à trois«. Ceci se voulait un commentaire partisan à propos du fait de paraître dans une photo avec un membre du caucus libéral», a-t-il raconté dans un communiqué distribué en fin d'après-midi.

Le député ajoute qu'il a tenté de s'excuser dès le lendemain, mais on ne lui en aurait pas offert l'occasion. M. Bezan a ensuite eu à répondre à une plainte officielle. La plainte a conduit à des excuses par écrit, à des excuses en personne et à une participation à une séance de formation pour sensibiliser le député, toujours d'après sa version des faits.

Le dirigeant principal des ressources humaines (DPRH), qui a géré la plainte, aurait confirmé, par écrit, qu'il n'y avait pas eu de harcèlement sexuel et qu'aucune mesure disciplinaire n'était recommandée, selon M. Bezan.

La députée Romanado, elle, a refusé de confirmer ou de contester cette version.

«Je n'ai rien d'autre à ajouter», a-t-elle dit à sa sortie d'un comité parlementaire, lundi soir, alors que des collègues libéraux l'entouraient pour la protéger des caméras et des questions des journalistes.  Ceux-ci ont insisté, lui demandant, à répétition et sans succès, si elle remettait en question ce que raconte M. Bezan.

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle ne voulait pas parler, elle a manifesté de la colère. «Ça a été sept mois incroyablement difficiles. Voilà pourquoi!», a-t-elle lâché, le visage fermé.

Au bureau du whip libéral, on n'a pas été plus bavard. «Cette question relève d'un processus interne sur lequel on ne peut commenter», a répondu, par courriel, le chef de cabinet de Pablo Rodriguez.

Le chef de M. Bezan a tenu, lui, à y mettre son grain de sel.

Dans un communiqué, Andrew Scheer a confirmé des détails de la version de son député, rappelant que celui-ci s'était excusé et citant le DPRH.

«Conformément au processus de la Chambre des communes, cette plainte a été soumise au dirigeant principal des ressources humaines (DPRH). Le DPRH a confirmé par écrit que ses conclusions »ne soutenaient pas les allégations de harcèlement sexuel«», a affirmé M. Scheer.

Le chef conservateur a préfacé sa déclaration en assurant que «le harcèlement sexuel n'est nullement acceptable et un tel comportement n'est pas toléré au sein du caucus conservateur».

Photo La Presse canadienne

James Bezan