Après avoir passé les 10 dernières semaines à malmener le ministre des Finances Bill Morneau à la Chambre des communes sur sa réforme fiscale d'abord, et sur ses problèmes d'éthique ensuite, le Parti conservateur a réclamé aujourd'hui la démission du grand argentier du pays, l'accusant au passage d'avoir carrément «trahi la confiance des Canadiens».

Alors qu'il s'était montré réticent jusqu'ici à exiger la démission du ministre, le chef conservateur Andrew Scheer a soutenu mercredi que M. Morneau ne peut tout simplement plus continuer à servir comme titulaire du ministère des Finances à cause des allégations de conflit d'intérêt qui se multiplient à son endroit depuis le début de la rentrée parlementaire le 18 septembre.

M. Scheer a aussi affirmé que le refus de Bill Morneau de dire sans équivoque cette semaine s'il avait bel et bien vendu quelque 680 000 actions qu'il détenait dans son entreprise Morneau Shepell en décembre 2015, une semaine avant de présenter un train de mesures budgétaires à la Chambre des communes, est la goutte qui a fait déborder le vase pour sa formation politique.

«Bill Morneau a trahi la confiance des Canadiens encore, encore et encore. C'est le ministre des Finances qui a lancé une attaque contre les entreprises locales partout au pays et les laisse maintenant dans l'incertitude. C'est le ministre des Finances qui a refusé de répondre à des questions simples sur ses avoirs et sur leur contrôle. C'est le ministre des Finances qui a été mis à l'amende par la commissaire à l'éthique parce qu'il n'a pas divulgué une société qui lui appartenait», a affirmé le chef conservateur avant de participer à la période des questions. 

«C'est le ministre des Finances qui est sous enquête pour avoir enfreint la Loi fédérale sur l'éthique en présentant un projet de loi qui pourrait bénéficier directement à son entreprise familiale. Et maintenant, ce même ministre des Finances évite de très sérieuses questions encore et encore sur le moment de la vente de ses actions de Morneau Shepell. Et pendant ce temps, Justin Trudeau soutient Bill Morneau», a-t-il ajouté, avant de demander pour la première fois sa démission.

Depuis la rentrée parlementaire, le ministre Morneau est dans la mire des partis de l'opposition, après avoir présenté cet été une réforme fiscale qui a soulevé la colère de nombreux contribuables à travers le pays, et après que le quotidien The Globe and Mail a révélé qu'il avait omis de placer ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard, comme il s'y était engagé à le faire après avoir été nommé au cabinet.

Le mois dernier, M. Morneau a été contraint de mettre de côté de nombreuses mesures qui étaient prévues dans sa réforme fiscale. Il a aussi été obligé de mettre ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard et de vendre toutes les actions qu'il détenait toujours dans Morneau Shepell.

Et cette semaine, il a fait face à un autre barrage de questions après que le Parti conservateur eut relevé que 680 000 actions de Morneau Shepell avaient été vendues pour une valeur de 10 millions de dollars le 30 novembre de 2015, soit environ une semaine avant que le ministre des Finances annonce un train de mesures budgétaires.

Mais le ministre Morneau a refusé de confirmer s'il avait oui ou non vendu ce bloc d'actions avant de déposer ses mesures budgétaires, brandissant même le menace d'intenter des poursuites judiciaires contre les députés de l'opposition s'ils réitéraient leurs allégations à l'extérieur des Communes, où tous les députés jouissent de l'immunité parlementaire.

Aux Communes, mercredi, M. Scheer et ses troupes conservatrices, ainsi que le NPD, ont multiplié les attaques contre M. Morneau, forçant le premier ministre Justin Trudeau à se lever à plusieurs reprises pour défendre l'intégrité de son ministre. D'entrée de jeu, M. Trudeau a dit avoir «pleinement confiance» dans son ministre qui, selon lui, a réussi à donner du tonus à l'économie canadienne après avoir enregistré un faible taux de croissance durant les années du gouvernement Harper.

Ensuite, le premier ministre est passé à l'offensive, accusant les partis de l'opposition de se livrer à des attaques sans fondement. «On voit une campagne de salissage de la part d'une opposition qui n'a rien d'autre à dire. Nous sommes en train démontrer comment créer de la croissance économique après dix ans de piètre croissance économique sous Stephen Harper, avec qui nous avons eu le pire taux de croissance depuis avant la Seconde Guerre mondiale. C'est le travail que nous sommes en train de faire qui est en train d'avoir un impact positif sur les Canadiens. L'opposition n'avait rien d'autre à faire que de faire des attaques personnelles et une campagne de salissage», a-t-il dit d'un trait.